La Papouasie-Nouvelle-Guinée en proie à l’insécurité et aux convoitises des grandes puissances
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L’île d’Océanie, située au nord de l’Australie, très riche en ressources naturelles, est aussi connue pour son taux de criminalité parmi les plus élevés au monde. Depuis un peu plus d’un mois, le pays fait face à une explosion des violences. Dernier exemple en date, un affrontement tribal qui a fait plusieurs dizaines de morts dans la nuit du 17 au 18 février. Les sources locales qualifient l’incident de pire massacre sur l’archipel dans l’histoire récente.

Les faits se sont produits à environ 600 km au nord-ouest de la capitale Port-Moresby, dans la région isolée des hauts plateaux. Dimanche 18 février, la police a fait une découverte macabre : des dizaines de cadavres dénudés et mutilés disposés le long d’une route. Les corps appartenaient à des combattants tribaux tués dans une embuscade tendue par un clan rival.
Ce massacre n’est pas isolé, mais il figure parmi les plus graves de ces dernières années. Dans cette partie de l’île, une quinzaine de tribus se disputent des territoires et se livrent depuis des siècles à des actes de vengeances. Les victimes sont découpées à la machette, brûlées ou torturées. Une chercheuse australienne a répertorié, entre 2018 et 2022, 158 conflits tribaux qui ont fait près de 1 900 morts.
Afflux d’armes automatiques, manque de moyens et corruption
La police constate une prolifération d’armes automatiques en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Dans le massacre de dimanche dernier par exemple, la tribu incriminée disposait d'un véritable arsenal de guerre, des M16 (des fusils d’assaut de l’armée américaine), des Kalachnikovs, ou encore des SLR, des fusils semi-automatiques britanniques. Autre nouveauté, les tribus belligérantes s’offrent les services de mercenaires, en provenance d’autres zones de la région. Les armes proviendraient, selon certaines sources, du marché noir. Certains membres des forces de l'ordre les revendant même aux combattants tribaux.
La police et le gouvernement sont dépassés. L’armée a été déployée dans la région, il y a eu des tentatives de médiation ou d’amnistie. Mais elles ont toutes échoué.
L’un des obstacles est la corruption endémique et le manque d’effectifs et de moyens dans l’armée et la police. Mais aussi des salaires trop bas. Des manifestations de policiers, soldats et gardiens de prisons dans les deux plus grandes villes du pays en janvier contre des baisses inexpliquées de salaire, ont dégénéré en émeutes, qui se sont soldées par au moins 16 morts.
Un archipel scruté de près par les puissances régionales et mondiales
L’insécurité inquiète en premier lieu le voisin australien. Et ne rassure pas un certain nombre de pays qui souhaitent y faire des affaires et pour leurs propres intérêts stratégiques. L'île est riche en ressources naturelles, ses sols regorgent de pétrole, de gaz naturel, mais aussi d’or, d’argent, de cuivre et de nickel. La concurrence dans l’exploitation minière est rude.
Par ailleurs, la position géostratégique de l’île aiguise les convoitises. Elle se trouve au centre des rivalités sino-américaines
L’an dernier, Port-Moresby a vu défiler un nombre record de personnalités politiques. Le Premier ministre indien Narendra Modi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, ou encore les présidents français Emmanuel Macron et indonésien Joko Widodo. La liste est longue.
De nombreux accords économiques et de défense ont été signés. L’archipel est ainsi devenu une gigantesque base avancée pour l’armée américaine qui disposera d’un accès sans entraves à six ports et aéroports du pays. Une victoire certaine pour Washington dans sa partie d’échec avec Pékin.
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