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Inondations en Inde: la corruption pointée du doigt dans la défaillance des infrastructures

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C'est la consternation en Inde où de nombreuses infrastructures se sont effondrées dans le nord du pays, en proie à de violentes pluies et des inondations. Certaines avaient été inaugurées il y a peu, si bien que le doute plane sur le respect des normes de sécurité sur ces chantiers financés à grand renfort d’argent public. 

Des personnes touchées par les inondations utilisent un radeau de fortune pour déplacer leur agneau vers un endroit plus sûr après de fortes pluies dans le village de Patiapam, dans le district de Nagaon, dans l'État d'Assam, au nord-est de l'Inde, le 3 juillet 2024.
Des personnes touchées par les inondations utilisent un radeau de fortune pour déplacer leur agneau vers un endroit plus sûr après de fortes pluies dans le village de Patiapam, dans le district de Nagaon, dans l'État d'Assam, au nord-est de l'Inde, le 3 juillet 2024. REUTERS - Anuwar Hazarika
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de notre correspondant à Bangalore,

Chaque jour, ou presque, apporte son lot de mauvaise nouvelle. D'abord à New Delhi qui, après une canicule inhumaine en mai et juin, est maintenant aux prises avec des inondations dévastatrices qui paralysent le trafic, dévastent les rez-de-chaussée et ont fait plus de dix morts.

L’entrée du Terminal 1 de l’aéroport international de la capitale s’est effondrée, tuant un chauffeur de taxi et blessant de nombreuses personnes. Un tunnel ouvert dans le centre, en 2022, pour 86 millions d’euros, est noyé sous l’eau. Dans l’État du Bihar, en 15 jours, ce sont huit ponts qui sont à terre, certains encore en construction, là encore avec de l’argent public. D’autres ponts se sont brisés dans le Jharkhand et à Manipur. La canopée de deux autres aéroports, dans les États du Gujarat et du Madhya Pradesh, s'est effondrée. La liste n’est pas exhaustive, mais citons aussi Ayodhya, ville sainte de l’Uttar Pradesh où le Premier ministre Narendra Modi fait construire un temple hindou géant. Les prêtres se plaignent de fuites dans le toit, pendant que les habitants constatent que les avenues fraichement construites sont déjà pleines de nids de poules…  

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La corruption pointée du doigt

Il ne suffit que dire que la pluie est fautive... car si les pluies sont l’élément déclencheur, elles ont lieu chaque année, donc les infrastructures sont censées y résister ! Face à une telle série de défaillances, c’est la corruption qui est pointée du doigt. Le secteur de la construction en Inde est connu pour donner lieu à d'importants détournements de fonds publics, avec des chantiers facturés trop chers, dont la construction est ensuite bâclée au plus bas prix, au mépris de toutes les normes comme l’évacuation d’eau.

C’est donc le gouvernement central ou les gouvernements locaux qui ont financé ces projets, accusés par l’opposition d’avoir mis en danger le pays. Le gouvernement promet des enquêtes, des réparations et certains partisans du Premier ministre soulignent que ces catastrophes arrivaient de tout temps. C’est vrai, mais pas dans une telle proportion. Surtout, Narendra Modi peut difficilement se plaindre d'être critiqué par le Parlement. C’est lui-même qui s’est mis en scène à la télévision lors de l’inauguration de certains de ces grands chantiers, les transformant en campagne politique avec sa photo affichée partout. Le symbole le plus criant est celui d’Ayodhya, dont les différents chantiers ont coûté plus de 10 milliards d’euros et dont le temple devait servir à galvaniser les électeurs hindous. Il aura suffi d’une mousson pour balayer les routes, mais aussi discréditer le récit politique orchestré par son parti, le BJP, autour de cette ville.

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