En Inde, le gouvernement s'accommode de la fin de l'USAID
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À la une en Asie, les conséquences, en Inde de la liquidation de l’USAID. Cette agence de développement international des États-Unis est dans le viseur de Donald Trump, qui dit lutter contre le gaspillage d’argent public. Depuis une semaine, il s’appuie sur l’Inde pour justifier ces coupes budgétaires. Éclairages

Avec notre correspondant en Inde, Côme Bastin
En Inde, les attaques du président américain provoquent des réactions ambivalentes.
Tout a commencé lorsque Donald Trump s’est indigné de 20 millions d’euros soi-disant dépensés pour favoriser l’opposition en Inde par l'USAID. Selon le président américain, cette somme a servi à augmenter la participation aux élections, en privilégiant les électeurs opposés au dirigeant Narendra Modi. « Pourquoi dépenser tout cet argent ? Je suppose qu'ils essayaient de faire élire quelqu'un d'autre » a-t-il déclaré sur X, accusant l’administration Biden d’ingérence contre son « ami » Modi. Sauf que le flou règne sur la véracité des sommes et les motivations politiques présumées. Selon plusieurs médias Indiens, ces 20 millions ont en réalité été versés au Bangladesh voisin.
Cela n’a pas empêché le parti nationaliste hindou du Premier ministre, de se réjouir des sorties du président américain car même s’il semble clair que ces allégations sont fausses, elles confortent le récit du nouvel hôte de Washington comme des partisans du Premier ministre indien. Depuis leur arrivée au pouvoir, en 2014, les nationalistes hindous soupçonnent l'Occident de vouloir la peau de Narendra Modi. Beaucoup d’ONG, accusées d'être des agents d’influence, ont vu leur financement venu de l'étranger interdit. Certaines, comme Amnesty International, ont dû fermer. George Soros, milliardaire américain affilié aux démocrates, est régulièrement accusé d’ingérence contre le pouvoir en place. Quand le président des États-Unis affirme avoir interféré dans la démocratie indienne, c’est du pain béni pour le gouvernement central, pour qui ces fonds étrangers servent un néocolonialisme déguisé.
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Au-delà de ces 20 millions contestés, quelles conséquences de la fin de l’USAID pour l’Inde ?
C’est la vraie question et elle est ignorée du fait de la polémique. Quelque 750 millions d’euros ont été investis en Inde sur la période 2023-2024, selon les données du ministère des Finances. Cette somme ne concerne pas la politique, mais des projets dans l’agriculture, l’eau, l'énergie renouvelable ou la santé. Comme partout dans le monde, ces postes cruciaux vont faire les frais du retrait budgétaire américain.
Le parti du Congrès, principal parti d’opposition en Inde, aujourd'hui affaibli, affirme que répéter les mensonges de Donald Trump est une insulte à la souveraineté du pays, mais peine à se faire entendre. L’Inde est, en tout cas, un des seuls endroits au monde où le pouvoir en place se réjouit ouvertement de la fin de l’aide américaine au développement.
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