À la Une en Asie

Visas, vols, frontière: entre l’Inde et la Chine, un certain dégel

Publié le :

Le rapprochement prudent mais certain entre l’Inde et la Chine... Reprise des vols directs entre les deux pays, avancées sur les visas et même déclarations optimistes sur l’épineux conflit frontalier dans l’Himalaya. Décryptage.

Le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi se rencontrent en marge du sommet des BRICS à Kazan, en Russie, le 23 octobre 2024.
Le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi se rencontrent en marge du sommet des BRICS à Kazan, en Russie, le 23 octobre 2024. VIA REUTERS - CHINA DAILY
Publicité

Avec notre correspondant en Inde,

Des signes d’embellie rares entre les deux puissances d’Asie

C’est le Premier ministre Narendra Modi qui le dit : « Lentement mais sûrement, la confiance et l'enthousiasme reviennent » a-t-il jugé. Encore plus enthousiaste, le consul chinois à Calcutta parle d’un « printemps des relations Inde-Chine ». Il se réjouissait de la reprise des vols directs, depuis janvier, entre New Delhi et Pékin après cinq ans d’interruption. Depuis mars, il est plus simple, moins cher et plus rapide pour les citoyens Indiens de demander un visa pour la Chine. Les pèlerins indiens peuvent aussi accéder au Mont Kailash, une montagne sacrée pour les hindous, restée inaccessible pendant quatre ans. Elle se trouve dans la région chinoise du Tibet, dans l’Himalaya, à 40 kilomètres de la frontière Indienne. Cette même frontière que les deux pays se disputent, mais sur laquelle leurs discussions ont repris lors d’une rencontre à Pékin, la semaine dernière. 

L’Inde et la Chine reviennent de loin et notamment avec ce conflit frontalier

Un conflit que ces discussions et déclarations optimistes ne suffisent évidemment pas à régler. Il remonte à la première guerre sino-indienne en 1962, plutôt remportée par la Chine mais qui a laissé 3 000 kilomètres de frontières disputées dans l’Himalaya. Depuis dix ans le conflit s’est intensifié, l’Inde reprochant notamment à la Chine de construire des barrages, des villages, d’amasser des troupes le long de la ligne de la discorde. En 2020, des patrouilles chinoises et indiennes ont fini par en venir aux mains avec des morts des deux côtés, dont 20 soldats indiens. Depuis, les deux pays sont en froid, même si les échanges commerciaux, largement à l'avantage de la Chine, ont continué. 

À lire aussiEn Chine, le barrage hydroélectrique Kamtok menace des milliers de Tibétains

Mais alors pourquoi ce léger dégel a-t-il lieu maintenant ? 

Officiellement, c’est à l'occasion du 75e anniversaire de leurs relations diplomatiques, qui aura lieu ce mardi 1er avril. En réalité, c’est sans doute juste une date pratique. Les discussions sur la frontière avaient repris dès octobre 2024. Les deux pays sont conscients qu’un gel de leurs relations n’est pas dans leur intérêt. Mais c’est sans doute le retour de Donald Trump qui a accéléré les choses. Il est dans l'intérêt de la Chine qui est l’ennemi numéro un du président américain, de normaliser et pacifier un peu ses relations avec l’Inde. Menacée de sanctions commerciales par les États-Unis, l’Inde veut aussi calmer les tensions avec son grand voisin qui est aussi son premier partenaire commercial. Ceci dit, la rivalité entre l’Inde et la Chine n’est pas que frontalière et commerciale mais aussi géographique, avec une bataille d’influence en Asie dans des pays tels que le Sri Lanka, le Népal ou le Bangladesh, qui devrait se poursuivre.

À lire aussiLéger dégel diplomatique entre l’Inde et la Chine

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes