Campagne électorale de mi-mandat aux Philippines: volée de bois vert entre les Marcos et les Duterte
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Aux Philippines, les premières semaines de la campagne électorale des élections de mi-mandat qui se tiendront en mai dans le pays sont agitées. Elles ont été marquées par des échanges virulents entre le président Ferdinand Marcos Jr. et l'ancien président Rodrigo Duterte. Dans le pays, ce scrutin est important. Les élections de mi-mandat sont connues pour annoncer la couleur des présidentielles qui auront lieu dans trois ans, en 2028. Pourquoi ces élections de mi-mandat sont-elles si importantes dans le pays ? Éclairages pour mieux comprendre les enjeux.
Avec notre correspondant à Manille, Nemo Lecoq-Jammes
Ces élections sont importantes parce qu’elles constituent le premier vrai face-à-face électoral entre la famille du président Marcos Junior et la famille Duterte, puis celle de la vice-présidente et de l'ancien président, Rodrigo Duterte. Ces deux dynasties, qui étaient autrefois alliées, sont aujourd’hui rivales. Ces élections permettent donc d’avoir une idée du ton qui sera donné aux prochaines présidentielles, en 2028.
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Elles auront, par ailleurs, un impact important sur la vie des Philippins. Parce que le 12 mai, pratiquement tous les postes, sauf celui du président, vont être remis en jeu ! On parle de près de 20 000 sièges (du Sénat aux municipalités) qui vont être soumis au vote des Philippins, dans tout le pays.
Cette campagne des sièges de sénateurs, ouverte depuis quelques semaines, est très importante, car ce sont des sièges nationaux sont en jeu. Il y a près de 70 candidats pour 12 sièges. Le président Marcos présente 12 candidats et il compte bien remporter tous les sièges.
Le président Marcos a exprimé ses ambitions dès le premier jour de l’ouverture de la campagne, avec un discours assez offensif contre le camp Duterte…
Marcos a tout de suite annoncé la couleur quand il a présenté ses candidats aux postes du Sénat. Lui qui a toujours été plutôt mesuré face à une famille Duterte assez provocatrice et menaçante, n’a cette fois-ci pas mâché ses mots. Il a multiplié ouvertement les références aux politiques de Duterte, notamment autour de trois thèmes principaux : la guerre contre la drogue menée par son prédécesseur, la corruption et la Chine. Il s’est par exemple vanté du fait que ses candidats, eux, ne promeuvent pas les intérêts particuliers de Pékin.
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Sa stratégie est donc claire : son but n’est pas de convaincre les Philippins de voter pour lui, mais plutôt de votercontre les Duterte.
Et ces derniers sont plutôt forts à ce jeu-là aussi : Rodrigo Duterte a, lui, accusé le président d’être un consommateur d'héroïne, il lui a reproché de n’avoir tenu aucune promesse pendant son mandat, et puis il est allé encore plus loin, en évoquant l’idée de tuer des sénateurs afin de libérer des sièges pour les candidats qu’il soutient.
Qu'en pense la population ?
Beaucoup de Philippins sont fatigués de ces querelles qui monopolisent les débats, alors qu’ils ont d’autres préoccupations, telles que la hausse du prix du riz ou le manque d'emploi.
Selon les analystes, c'est donc un moment crucial pour l'opposition qui pourrait bien gagner du terrain en proposant un autre modèle de gouvernance. Par exemple, il y a quelques jours, la liste Makabayan, une coalition de partis indépendants de gauche, est allée faire campagne dans la ville de Davao, le fief des Duterte. C’est la première fois qu’un groupe politique promeut sa candidature sur ce territoire.
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