Camille Koch, l’appel de la céramique et l’art de faire du beau
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La série de cet été de 100% création est dédiée aux artisans d’art de la Manufacture de Sèvres. Rencontre aujourd’hui avec Camille Koch, responsable de l’atelier du moulage-réparage depuis quatre ans. Cet atelier reproduit les sculptures de la Manufacture à l’aide d’un original en plâtre et d’une ronde de moules. Le réparage consiste, lui, à reprendre les différents détails de la sculpture pour les retoucher ou les sculpter à main levée.

Ce métier d’humilité recherche l’excellence. Les artisans d’art du moulage-réparage se mettent au service de la pièce et vont jusqu’au bout de leur savoir-faire pour que celle-ci soit parfaite.
Nous laissons une trace sur une pièce, une part de nous et après elle fait sa vie. Les pièces restent après nous.
Camille Koch, responsable de l’atelier du moulage-réparage à la Manufacture de Sèvres, est née en banlieue parisienne. Elle n’est pas issue d’un milieu artistique mais elle a toujours voulu faire du beau. « C'était la seule chose qui m'est venue à l'esprit. Quand il m'a été demandé : "Qu'est-ce que tu veux faire ?", j'ai dit : "Je souhaiterais faire du beau". Après, cela pouvait être tout et n'importe quoi. Je pense que c'est plutôt la céramique qui m'a accueilli plus que moi qui ait forcé les portes. Finalement, cela s'est fait et je suis arrivée ici. »
Elle découvre la céramique comme médium d’expression. « Nous pouvons exprimer énormément de choses sans utiliser la parole. J'ai trouvé cela très intéressant, déjà petite. Après, il a fallu un long processus pour arriver à aujourd’hui. »
Camille Koch étudie l’art appliqué et passe un BTS arts céramique. Très intéressée par l’objet qui apporte une émotion, elle réalise son stage de BTS à la Manufacture de Sèvres. Sa sensibilité particulière lui permet d’intégrer l’école de Sèvres où elle suit une formation pendant trois ans. Elle passe le concours de la fonction publique et devient mouleur-répareur.
« À l’atelier du moulage-réparage, ce n'est pas trois ans de formation, c'est dix ans de formation. Dix ans pour estimer que notre sensibilité, que l'intelligence de la main soit complète. Dans mon atelier, il faut à peu près dix ans. C'est la répétition du geste et puis la compréhension de la matière. Au départ, nous modelons de la porcelaine, nous suivons des indications pour modeler d'une certaine manière, mais nous ne la comprenons pas. Nous ne faisons que répéter des gestes que des anciens nous disent. Mais nous n’avons pas encore cette compréhension de la matière. »

« C'est à force de faire que nous nous rendons compte de la réaction de la matière. Nous commençons à la comprendre un peu comme une personnalité. Au départ, quand nous rencontrons quelqu'un, nous allons avoir les prémices et à force de rencontrer la personne, nous allons voir des facettes différentes et bien connaître la personne. Finalement, la porcelaine, c'est un peu le même principe. Nous savons ce que nous pouvons et ne pouvons pas lui demander. »
La Manufacture de Sèvres assure une mission de transmission des savoir-faire de génération en génération. Selon Camille Koch, cela va au-delà de la transmission du geste.
« D'un point de vue officiel, il y a des choses qui ne changent pas. Il y a des gestes qui ne changent pas, que nous transmettons. Maintenant, la pâte change avec les années parce que ce ne sont jamais les mêmes gisements et la même recette, ce ne sont pas les mêmes outils, ce n'est pas la même cuisson. Donc parfois, quand je parle avec mes anciens sur la transmission du savoir parce que je continue à me nourrir finalement de leur expérience, nous nous sommes posé la question : "Est ce que vraiment la transmission de savoir-faire se fait au vu de tous les facteurs qui avaient été modifiés au fil des années ?" Néanmoins, je pense que l'état d'esprit reste inchangé. Cela ne bouge pas. Cette idée d'arriver sur une pièce exceptionnelle. »

« Je dis souvent à mon apprenti quand une personne arrive et qu’elle fait "waouh", cela suffit, cela veut dire que ta pièce est bonne. Il y a cette volonté d'arriver sur la pièce la plus belle possible et cela a perduré entre l'ancienne génération et la nouvelle. C'est quelque chose de presque sacré, la transmission de savoir-faire, elle fait vraiment partie de nos métiers. Nous avons quatre pôles importants : la diffusion de notre savoir-faire auprès des publics, la création auprès d'artistes contemporains, la préservation de nos métiers d'une manière générale et enfin la transmission de savoir-faire. »
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