Franck Touchais, un poète de la céramique à la Manufacture de Sèvres
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Nous poursuivons notre série d’été dédiée aux artisans d’art de la Manufacture de Sèvres. Aujourd’hui, rencontre avec un technicien d’art céramiste à l’atelier petit coulage, une technique de façonnage. Ici, on ne travaille pas avec de la porcelaine modelable, mais avec une porcelaine liquide appelée barbotine. Pour Franck Touchais, dans cet atelier, il y a à la fois la diversité du métier et la continuité d’un savoir-faire acquis et transmis depuis le XVIIIe siècle.

Le lien à la création est intime, c'est très personnel. Dans un domaine artistique, tout est lié, donc forcément, il y a de la poésie aussi qui se cache dans une pièce céramique. Tout est lié. Il y a des gens qui ont parlé des pièces céramiques, qui ont fait des poèmes sur la céramique. J’'écris un peu des poèmes.
Franck Touchais est originaire du sud de la France. Amoureux de la nature, il se destinait à des études agricoles. Malheureusement, il échoue. Mais passionné par le dessin, il se retrouve aux beaux-arts d’Avignon pendant deux ans. Puis il est appelé pour son service militaire. À la fin de celui-ci, il prépare le concours à l’école de Sèvres et le réussit. Cet apprentissage lui fait aimer la porcelaine, la Manufacture de Sèvres, le travail en atelier et prendre conscience de l’importance du lien entre chaque atelier. « Quand nous arrivons, nous sommes au sein d'un atelier. Nous passons par des étapes, nous faisons des séries de pièces. Nous allons commencer par des pots à lait, ensuite les pièces deviennent de plus en plus compliquées et nous les réalisons à l'aide de quelqu'un. »

« Pour apprendre un métier, il faut le faire en atelier. Il faut quand même avoir des cours de dessin, de modelage et des cours d'histoire de l'art, ce qui est très important pour notre métier. C'est un métier d'art et il faut aussi avoir des connaissances générales. Ce n'est pas seulement la main qui compte, c'est aussi un travail par rapport à une culture des métiers d'art. »

Patience, concentration, apprendre à être calme pour un travail de précision. Ces qualités sont nécessaires à l’exercice et à l’attrait du travail en atelier. « Je pense que la façon dont nous travaillons à la Manufacture est assez unique. Ici, nous sommes très solidaires, très liés les uns aux autres, comme une chaîne. De ce fait, nous avons une façon de travailler qui est quand même très, très particulière. Nous sommes à la fois responsables et à la fois, nous avons besoin des autres et c'est cela qui est plaisant. Nous faisons toujours au mieux. Nous sommes dans un esprit dynamique, tout le temps, tout le temps, nous suivons le rythme. »

Réédition ou création contemporaine, selon Franck Touchais, l’une ne va pas sans l’autre. « Les deux sont intéressantes parce que pour une réédition, nous retournons en arrière, nous repartons dans des techniques peut être oubliées, des choses que nous allons ressortir. Nous savons qu'il y a une curiosité. Et ce qui est nouveau aussi, cela apporte, peut être des fois, de nouvelles façons de travailler, donc cela va de pair. Nous continuons à faire les deux, c'est très bien. Il faut de la réédition, il faut du contemporain et il faut des pièces que nous réalisons en série aussi régulièrement. C'est très important de faire les trois. La série, c'est important parce que cela permet d'avoir un geste qui est automatique. Il ne faut pas le perdre non plus. »
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