Dessiner et imprimer sur de la porcelaine avec Camille Bé-Dreux
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Aujourd’hui, l’atelier d’impression d’art. Cet atelier en regroupe plusieurs : l’atelier gravure, l’atelier de décalquage et l’atelier offset où nous reçoit Camille Bé-Dreux. Ici, le dessinateur-imprimeur de lithographie sur plaque imprime des motifs sur les pièces à décorer. L'impression se fait par couches de couleur, chaque couleur nécessitant de répéter chaque étape du processus. Un métier où l’on apprend son savoir-faire, où on l’approfondit et l’enrichit au fur et à mesure.

Nous ne sommes pas des artistes-auteurs, nous sommes des artisans d'art mais au service de toutes ces œuvres. Nous voyageons dans le temps, les époques et dans les pays à travers ce que nous faisons.
Camille Bé-Dreux est la responsable de l’atelier d’impression d’art. Très jeune, elle est attirée par la couleur, le dessin et suit les ateliers des Beaux-Arts d’Angers pour enfants. Elle obtient son baccalauréat Arts appliqués, poursuit son cursus de communication graphique avec cinq ans d’études à l’École des arts décoratifs de Strasbourg.
« Moi, j'ai toujours été intéressée par la frontière entre l'art et le design ou quelque chose d'appliqué. J'avais envie aussi surtout d'un savoir-faire précis et j'aime utiliser un savoir-faire très précis pour en faire une œuvre. »
Avec plus de quinze ans de carrière à la Manufacture de Sèvres, Camille Bé-Dreux s’inscrit dans la continuité de la sauvegarde du patrimoine. Elle annote le prototype en 3D pour compléter les archives papier.
« Nous écrivons toutes ces indications avant d'avoir vu le résultat cuit. Nous écrivons au fur et à mesure de la réalisation. Nous allons cuire ; et de ce premier résultat, nous allons faire une deuxième cuisson, mais après la cuisson définitive, nous pouvons avoir aussi des petites améliorations à apporter ou des petites remarques rajoutées au crayon parce que la pièce n’a pas été recuite. Nous avons des classeurs avec des fiches techniques sur chaque projet. Mais nous aimons avoir la pièce en elle-même et ces indications. Pour rééditer une pièce, c'est bien d'avoir sous les yeux l'objet en lui-même. Les œuvres doivent perdurer. Ici, nous pouvons refaire une œuvre qui peut avoir 30 ans, 40 ans et parfois 100 ans. »

« Nous n’avons pas toujours toutes les consignes ou tous les détails techniques écrits. C’'est bien d'avoir le prototype, et si possible avec les annotations cuites, comme cela nous avons une belle archive tangible alors qu’une archive papier peut être plus fragile. »
À la Manufacture de Sèvres, l’atelier d’impression décompose le décor au niveau des couleurs, du dessin et des motifs. « Nous allons faire un dessin par couleur. Les couleurs réagissent selon les températures, les atmosphères, les métaux précieux. Cela change la manière de travailler son dessin. Il va falloir décomposer ce motif à la fois dans la gestion des couleurs et également dans la mise à plat. Parce que nous, nous imprimons un motif à plat alors que nous allons habiller une forme en volume. Cela ressemble un petit peu à la couture. »

« C'est un premier travail de recherche où selon chaque forme que nous devons décorer, nous la décomposons avec un patron qui va être adapté aussi au décor. Son interprétation en imprimant parce qu’il s’agit d’une technique plus contemporaine, donc à la fois moins connue et avec les qualités de ne pas avoir le poids de la tradition. Nous avons cette liberté d’explorer, d’expérimenter et d'être au plus proche de ce que l'artiste veut faire ressentir à travers son œuvre. »

Selon Camille Bé-Dreux, la Manufacture de Sèvres donne du sens aux pièces produites : « Nous sommes à la frontière des chemins entre une œuvre qui est là pour exister en tant qu'œuvre ou un service de table qui a une fonction utilitaire. Nous sommes sur des objets dont le temps de réalisation est important, donc forcément ça a un coût. Mais j'aime beaucoup cette notion de temps et d'âme que peuvent porter ces objets-là. Eux aussi vont rester dans le temps et vont aussi pouvoir se transmettre de génération en génération. Ce ne sont pas des objets du quotidien, ce sont des objets qui ont une fonction utilitaire et même des fonctions diplomatiques, puisque ce sont aussi des cadeaux protocolaires que chaque président va offrir. Dans les ambassades, ils ont des services de Sèvres. Nous véhiculons à l'international une image des savoir-faire français ».
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