Le bijou-sculpture de Catherine Sheedy raconte la matière
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Aujourd’hui, bijoux et sculptures avec Catherine Sheedy. Cette joaillère canadienne s’approprie la matière. Pour exprimer ses idées, elle utilise des éléments et crée des formes en relation au corps. Broche ou collier, pour Catherine Sheedy, le bijou est un mode d’expression. La forme, la texture, la matière, les questionnements philosophiques derrière la matière et l’histoire que celle-ci raconte entraine Catherine Sheedy dans son processus de création.

Elle choisit les matériaux puis les stocke dans son atelier jusqu’au moment où elle se les approprie et les transforme en bijou-sculpture. Nous l’avons rencontrée lors du Salon Révélations, la biennale internationale des métiers d’art et création à Paris.
La place de la création est primordiale. C'est cela qui m'intéresse, même davantage que la pièce. Une fois que la pièce est finie, elle ne m'appartient plus. Elle rentre dans le monde.
Catherine Sheedy, joaillière et créatrice de bijoux contemporains :
Moi, je veux me concentrer sur la création. C'est là que je m'amuse. Quand j'ai des contraintes imposées, je vais référer plutôt à des amis joailliers qui font cela très bien. C'est juste un autre processus de création qui me rejoint plus. J'ai fait beaucoup de joaillerie. Maintenant, je préfère me concentrer sur les créations que je fais.
Catherine Sheedy est née et a grandi au Canada. Elle entre en apprentissage en joaillerie en 2000, avec une approche orientée sur le concept. Elle poursuit avec une licence et une maîtrise en arts visuels où elle se spécialise en sculpture. Catherine Sheedy ouvre un atelier avec des collections et des bijoux sur-mesure, mais dans la création, elle s’épanouit davantage en sculpture.

C’est en 2008 qu’elle découvre, lors d’une exposition de bijoux contemporains à Québec, qu’elle peut s’exprimer par le médium du bijou contemporain, en dehors des formats et des contraintes des matériaux, pour explorer les concepts au-delà de la bijouterie classique. Sa conception est intuitive et unique comme chacune de ses collections.
« J'utilise tous les outils que j'ai à portée de main pour essayer de transformer la matière, pour me l'approprier et faire des assemblages. C'est très intuitif comme procédé et une fois que j'ai trouvé mon type d'assemblage, de suspension, de transformation de la matière, je vais trouver un assemblage qui va me permettre de faire une collection. Pendant que je fais mes assemblages, je prends beaucoup de photographies sur les différentes possibilités avant de choisir l'assemblage ou le montage idéal. Il y a beaucoup, beaucoup de photographies, de croquis. »

« Je vais retracer les formes pour trouver ce qui est le plus adéquat et puis aussi en fonction du corps, c'est très important. Je veux que mes bijoux soient portables, bien qu'ils soient lourds comme la collection de Silex, c'est vraiment de sentir la matière, sentir le poids de l'histoire. Cela fait partie du concept. C'est tout un travail avant de choisir la bonne pierre et la façon de l'assembler, de la monter. C’est à force d'allers-retours que je trouve la bonne façon de faire. »
Silex, charbon, schiste, la matière qui change d’endroit et qui devient uniforme en s’intégrant dans le paysage interpelle Catherine Sheedy.
« C'est l'histoire de ces matières-là qui m'intéressent, les traces laissées. Comment les paysages se transforment sans que nous nous en rendions compte. Comme pour la collection Silex, la plupart des gens pensent qu'ils sont originaires du Québec. Ils ont toujours été là alors qu'il y a toute une histoire derrière. Je travaillais avec des charbons aussi, c'était la même chose. »

« Si les plages sont noires, c'est parce qu'il y avait un espace de transbordement de bateaux de charbon. J'ai fait une résidence en Norvège en 2019, je me suis rendu compte, encore une fois, que la plage était complètement en schiste et le schiste n'était pas naturel de là, mais provenait des toitures. Toutes les toitures du village avaient été faites avec ce schiste-là et c'étaient les restes. La plage en schiste est, donc, une transformation de l'homme, mais nous nous en rendons plus compte. La matière et son histoire m'amènent à développer des types de formes en relation avec l'histoire. Par exemple, le schiste de Norvège, j'ai repris des formes qui ressemblent aux toitures aussi, puis aux paysages norvégiens. Je vais m'inspirer du lieu. C'est ma principale source d'inspiration. Ces petits changements là me parlent beaucoup. Je trouve qu'il y a une poésie derrière. »
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