Les tissus africains au cœur de Dakantigui Couture de Fabrice Houedj
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Aujourd’hui, 100% Création sera consacrée aux tissus africains au cœur des collections de Fabrice Houedji de Dakantigui Couture. Ce jeune créateur de mode togolais exerce sa passion au Mali. Fasciné par l’histoire et le savoir-faire des textiles africains, Fabrice Houedji, à travers ses collections, aime à faire connaître toute la diversité de ces textiles. Il conçoit du sur-mesure comme du prêt-à-porter, ses pièces sont masculines, mais inspirées par des coupes féminines.

Bogolan, kente, coton tissé Faso Dan Fani, il veut les mettre en avant afin de le rendre plus visible pour une autre mode africaine. Une manière aussi de célébrer les savoir-faire des artisans du passé qui servent de référence aux collections du présent et de l’avenir, selon Fabrice Houedji de Dakantigui Couture. Nous l’avons rencontré lors du Togocom FIMO228 à Lomé.
La création, cela m’arrive tout le temps, même en cours de chemin, quand je réfléchis « qu’est-ce que je peux faire ? » Ou bien quand je vois quelque chose, cela me donne de l’inspiration. En bref, l’environnement dans lequel je suis me permet d’avoir une idée sur ce que je vais faire.
Fabrice Houedji, styliste et fondateur de Dakantigui Couture.
« En pays Bambara, “dakan” cela veut dire destin et “tigui” veut dire maître, donc, j’aimerais être le maître de mon destin, ce qui m’a poussé à donner le nom de Dakantigui Couture. J’aimerais aussi inviter d’autres jeunes, comme moi, à devenir maîtres de leurs vies, à devenir maîtres de leurs destins. Ne pas attendre, toujours, de l’extérieur, pour pouvoir se battre dans la vie. »

Fabrice Houedji est né et a grandi au Togo, mais c’est aussi un Malien de cœur. Après avoir poursuivi ses études supérieures au Mali, ce comptable de formation, sans-emploi, mais grand amoureux depuis son enfance de la mode, saisit l’occasion d’une formation dans ce secteur. Il lance sa marque Dakantigui Couture en 2021 à la fin de cet apprentissage, qu’il a suivi grâce à une association qui valorise la production made in Mali. Fabrice Houedji ne travaille pas le wax, mais les tissus africains.
« Nous avons grandi dans le wax, mais pour moi, le wax pousse beaucoup de personnes à oublier l’origine de nos textiles. Ici, beaucoup de personnes oublient totalement les pagnes tissés grâce au wax. Je vois que grâce au wax, tous les textiles africains sont abandonnés. C’est la raison pour laquelle, pour pouvoir aller en avant, moi, je mise sur les textiles africains où l’Africain porte fièrement le bogolan, le pagne indigo, le pagne tissé du Burkina Faso, le Faso Dan Fani et puis est à l’aise dedans. En le portant, tu peux, aussi, le mélanger avec du wax et puis cela te donne quelque chose d’original. Mais moi, personnellement, je ne travaille pas les tissus importés, je travaille juste les tissus locaux. »

« J’ai un faible pour les textiles africains, donc, je me suis focalisé aussi sur le design textile. Pour la teinture, je travaille avec les artisans. En mon absence, ils ne font pas ma teinture, je fais tout à la fois. Je veux maîtriser la chaîne de production, donc nous le faisons ensemble. J’amène mon idée et l’autre artisan amène son idée. Nous arrivons à travailler ensemble pour avoir quelque chose d’original, parce que l’idée d’une seule personne, cela ne donne pas quelque chose de beau, de métissé. Ensemble, cela donne quelque chose qui va plaire au public. »
Fabrice Houedji milite pour une montée en compétences dans le secteur de la mode en Afrique afin de préserver et développer le savoir-faire des textiles africains.
« L’indigo, c’est du savoir-faire. Cela ne s’apprend pas du jour au lendemain. Par exemple, pour pouvoir faire de l’indigo, il faut suivre un long processus. Il faut attendre que le produit soit fermenté. Il y a deux jours ensuite pour pouvoir le faire. Mais s’il n’y a pas une formation solide, la jeunesse ne peut même pas faire de l’indigo. Nous allons oublier l’indigo, nous allons oublier le tissage du Faso Dan Fani. La jeunesse tend vers une occidentalisation et oublie la production des textiles africains. C’est un danger pour le textile africain parce que nous sommes en train d’oublier le savoir-faire. Tout ce qui va se produire sur la génération future, nous en sommes la cause et il faut une personne pour pouvoir dire non et remettre les choses en place. C’est ce que j’ai envie de faire. »

« Le point de départ, c’est la professionnalisation du métier. Avoir un métier, créer quelque chose, apporter un plus à l’économie de la nation, c’est tout ce qui m’a poussé à la mode. Ce n’est pas pour passer à la télé, mais créer quelque chose et laisser une marque après moi. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas mis mon nom sur la marque parce que dans ma tête, je veux être aussi ce Louis Vuitton africain et que Dakantigui Couture existe après ma disparition. »
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