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L’art de la plume sans limites par Fanny Litzia, artiste et plumassière

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Fanny Litzia est plumassière, un métier d’art ancien et méconnu, qu’elle pratique avec passion. Elle travaille principalement sur des tableaux de grands formats et propose des créations sur mesure, notamment dans la décoration et l’art contemporain. Cette artiste a su écouter son cœur, suivre ses passions, et transformer ses rêves en réalité. Innovation, poésie et technique, Fanny Litzia dans son parcours navigue entre ses racines et ses passions, afin d’explorer la matière plume sans limites.

Fanny Litzia, artiste et plumassière.
Fanny Litzia, artiste et plumassière. © Fanny Litzia
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En premier, la connaissance des plumes. Dans tous mes tableaux, je peux vous dire du premier coup d'œil à quel oiseau correspond quelle plume.

Fanny Litzia, artiste et plumassière.

Ensuite, il y a des techniques de montage, par exemple pour faire tout le côté très floral, très végétal, où on oublie la matière plume, il y a une manière de travailler la plume. Il y a des termes techniques, on peut parer, frimater, faire des plumetis, friser, coller. Ce sont des techniques que j'utilise au quotidien dans mon atelier.

Née en région parisienne, Fanny Litzia, a grandi dans un environnement où l’engagement social et l’aide aux autres étaient au cœur de sa vie professionnelle. Éducatrice de jeunes enfants, elle a consacré de nombreuses années à accompagner des jeunes, des mamans migrantes, des personnes en difficulté. Parallèlement à sa vie professionnelle, elle est percussionniste et danseuse de samba. Passionnée par le Brésil et sa culture, c’est lors d’un voyage à Rio que tout a changé. « J'ai beaucoup voyagé au Brésil, j'ai vécu à Rio et j'ai défilé au carnaval. Je suis partie pendant six mois. J'ai démissionné pour aller vivre cette aventure. Le carnaval, je ne sais pas si vous l'avez déjà fait, mais c'est magique à Rio. Vous avez des plumes par centaines, par milliers. Ça brille, il y a des couleurs, c'est fou, absolument fou. J'ai complètement eu un coup de foudre sur les plumes. J'ai commencé à faire mes propres costumes de samba. C'est là que j'ai connu la plume, évidemment, les strass, j'ai brodé, j'ai fait des costumes de samba entièrement, pour moi, pour d'autres personnes. C'est comme cela qu'est venu l'amour de la plume », raconte Fanny Litzia.

Tryptique simple
Tryptique simple © Fanny Litzia

En 2022, elle décide de se reconvertir dans la plumasserie. Elle suit donc une formation spécialisée, apprend à connaître chaque plume, à maîtriser les techniques de montage, de coloration, de création : « En autodidacte, j'avais déjà certaines bases parce qu'il faut une certaine dextérité. Dans la vie, je ne suis ni soigneuse, ni patiente, mais avec la plume, je suis soigneuse et patiente. J'avais déjà cette dextérité parce que j'ai toujours fait des choses de mes mains, à côté de ma vie professionnelle. Mais malgré tout, les techniques de plumasserie, ce sont des choses qu'il faut apprendre. Donc, je me suis formée en formation adulte avec le Greta au lycée Octave Feuillet à Paris, c'est le lycée des accessoires de la mode où on peut apprendre la plumasserie, la fleur artificielle, la broderie, etc. »

Sculpture mer verte
Sculpture mer verte © Fanny Litzia

La maîtrise des techniques de montage, la connaissance des plumes, et la recherche constante de nouvelles formes artistiques permettent à Fanny Litzia de transmettre une dimension émotionnelle et poétique à ses œuvres. « J'ai un carnet où je note les idées, ce qui ne signifie pas que je vais tout de suite les faire, mais régulièrement, je le re-regarde. Mon meilleur moment, c'est soit celui où je m'endors, soit celui où je fais des insomnies. Dans ces cas-là, la machine se met en route et je pense à des trucs, ce sont des flashs. Je note et après, je retravaille dessus au fur et à mesure. Mon cerveau, il fonctionne beaucoup. Au début, je regardais ce que faisaient les autres plumassiers, je ne le fais quasiment plus. Pour une raison très simple, la limite est très ténue entre s'inspirer et copier. Il faut l'intégrer, le digérer et se l'approprier. Ce n'est pas aussi simple que cela. Je vais donc regarder d'autres choses qui n'ont rien à voir avec la plumasserie à partir desquelles je vais m'inspirer. Moi, ce sont les graphismes et les couleurs. Et je suis toujours très fière quand quelqu'un m'achète une création parce qu’ils les achètent pas par besoin, mais parce qu'ils ont une émotion », explique Fanny Litzia.

Composition Sonar
Composition Sonar © Fanny Litzia

Derrière la créativité, Fanny Litzia doit aussi faire face à la réglementation, notamment la Convention de Washington, qui protège les espèces animales. Elle privilégie donc des plumes issues d’espèces non menacées, teintes avec soin pour respecter l’environnement, précise-t-elle : « Pour l'achat des plumes, on doit respecter impérativement la convention de Washington créée en 1973 et régulièrement mise à jour. Elle répertorie les espèces animales et végétales qui sont protégées à travers le monde, évidemment, les oiseaux en font partie. La plumasserie, malheureusement, a fait beaucoup de mal aux oiseaux exotiques. Avant, ce n'était pas protégé, donc on importait, tuait, ce n'était pas un problème. Il y a des espèces qui ont été soit éteintes, soit quasiment en voie d'extinction. Aujourd'hui, c'est extrêmement réglementé. Il y a trois annexes. Si c'est cité dans la première ou la deuxième, nous n'avons pas le droit de l'utiliser. Même si je voyage au Costa Rica où il y a des oiseaux incroyables et que je trouve des plumes ou un oiseau mort, je ne peux pas récupérer ces plumes, je n'ai pas le droit ! »

Plumes à l'atelier de Fanny Litzia
Plumes à l'atelier de Fanny Litzia © Maria Afonso

« Je ne travaille qu'avec des espèces qui sont en annexe trois, qui sont, pour des raisons culturelles protégées, mais qui ne sont pas du tout en voie de disparition. Et j'ai un panel déjà suffisamment large. Souvent, les gens, quand ils voient mes créations, ils disent "mais tout ça, c'est sur des oiseaux, mais sur quel oiseau ? C'est dingue, je n’ai jamais vu". Je fais avec ce panel pour les oiseaux de couleur naturelle. Après, il y a des plumes d'oie et des plumes de dinde, celles-ci, je peux les teindre. J'ai donc quasiment des couleurs à l'infini en fonction de la teinture que je souhaite leur donner », poursuit-elle.

Tableaux dans l'atelier de Fanny Litzia
Tableaux dans l'atelier de Fanny Litzia © Maria Afonso

Fanny Litzia aime voir ses œuvres susciter des émotions. Ses tableaux sont vivants, changeant selon la lumière, la couleur, le mouvement. Ses œuvres poétiques reflètent sa propre énergie. « Mon univers n'appartient qu'à moi. Il n'appartient à personne d'autre. Et s'il y a des personnes qui cherchent à me copier, peu importe, qu'elles le fassent. Moi, j'aurai toujours des nouvelles idées, affirme-t-elle. Parce qu'au fond, la plumasserie, c'est un métier de niche, il y a d'autres personnes qui sont très talentueuses et qui travaillent la plume. Mais mon univers, mon histoire et mes racines, et d'où cela vient, personne ne l'a ». 

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