C'est dans ta nature

Nature urbaine, le plus grand potager de Paris

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L’agriculture urbaine a le vent en poupe, à plus forte raison après la crise du coronavirus. À Paris, sur un toit du Parc des expositions, un potager urbain géant vient d’ouvrir. 14 000 mètres carrés de fruits et de légumes à terme, pour devenir la plus grande ferme urbaine au monde.

«Nature urbaine» a l'ambition de devenir la plus grande ferme urbaine au monde dans 2 ans, sur 14 000 m2 de toit. Une vingtaine d'espèces de légumes et de fruits sont cultivés
«Nature urbaine» a l'ambition de devenir la plus grande ferme urbaine au monde dans 2 ans, sur 14 000 m2 de toit. Une vingtaine d'espèces de légumes et de fruits sont cultivés RFI/Florent Guignard
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Ici les fraisiers sont sans pudeur, et sans terre : tout nus, racines à l’air. C’est la technique de l’aéroponie, utilisée en agriculture urbaine, et à l’honneur à Nature urbaine, le plus grand potager de Paris, d’Europe et bientôt du monde. Posé sur le toit du hall 6 du Parc des expositions de Paris, là où chaque année a lieu le Salon de l’agriculture.

Douches automatiques et multi-quotidiennes, enrichies de nutriments, pour ces plants sans terre. En circuit fermé, 90 % de l’eau est recyclée. Une cinquantaine de fraisiers sont ainsi lovés dans les alvéoles d’une colonne en plastique. Ce qui rend le mètre carré très productif. Légumes et fruits à la verticale, comme les humains dans leurs immeubles, dans un décor graphique.

En agriculture urbaine, on cultive sans terre. Les racines nues des plants reçoivent seulement de l'eau et des nutriments.
En agriculture urbaine, on cultive sans terre. Les racines nues des plants reçoivent seulement de l'eau et des nutriments. RFI/Florent Guignard

Dans l'air du temps

La ferme urbaine est moderne et écologique. Elle est plus que jamais dans l’air du temps, après la crise du coronavirus, qui a révélé des effets pervers de la mondialisation. « Je crois que Nature urbaine incarne en effet le fameux monde d’après », souligne Sophie Hardy, la directrice de cette ferme urbaine qui vient de naître, et qui ambitionne, dans deux ans, d’être la plus grande au monde, avec ses 14 000 mètres carrés de toiture. Déjà 4 000 mètres carrés de potager, des fraises donc, des tomates, des aubergines, des blettes ou de la coriandre… mais aussi des fleurs. « On a par-ci par-là des capucines, des fleurs de bourrache, pour attirer les pollinisateurs, et pour attirer aussi les pucerons, qui iront s’amasser sur les capucines, et qui n’iront pas s’attaquer aux plantes. »

► À écouter aussi Londres, lumières artificielles et plantations hors-sol, les tendances de l’agriculture urbaine

Toutes ces plantes poussent sans terre. En ferme urbaine, on cultive léger, parce qu’on est sur un toit. Ici avec vue plongeante sur le boulevard périphérique, juste à côté, avec son flot incessant de pots d’échappement. Un joli paradoxe. « Non, ce ne sont pas des légumes pollués », s’exclame Sophie Hardy. « Ici on est sur une toiture à 15 mètres de haut, donc à cette hauteur, on n’a plus de métaux lourds. Par définition ils retombent. Quant aux particules fines, dégagées par les voitures, il suffit de rincer les fruits et les légumes à l’eau pour pouvoir les consommer. Il n’y a pas de soucis ! »

De la menthe cultivée selon la technique de l'aéroponie: 90% de l'eau est réutilisée.
De la menthe cultivée selon la technique de l'aéroponie: 90% de l'eau est réutilisée. RFI/Florent Guignard

Un peu plus de nature en ville

Une vingtaine d’espèces sont cultivées. À côté des fraisiers pousse un joli champ de tomates. Pas de terre, là non plus. Juste un substrat de fibre de coco, parce c’est léger. Kalia Gauthier, jeune maraîchère qui travaille ici, a dû réapprendre à travailler. « On était très content quand on a reçu la première fois nos pains de coco, parce que c’était notre seul rapport à la terre, qui n’est pas la terre… Ça change beaucoup de choses, et ça change aussi d’un point de vue physique. Toutes les plantations sont à hauteur d’homme, on n’est plus à quatre pattes, on n’est plus à genoux, et c’est beaucoup mieux pour le dos ! »

Les fermes urbaines n’ont bien sûr pas l’ambition de nourrir tout Paris. Par manque de surface, et parce que tout ne pousse pas sans terre, comme les carottes ou les pommes… de terre. Mais au moins, c’est un peu plus de nature en ville, comme le raconte Sophie Fleury. « Ce qui nous a surpris, quand on est arrivé sur la toiture, c’est qu’il n’y a avait pas du tout d’insecte. Il n’y avait rien. On était même un peu inquiet. Mais quelques mois après notre installation, on s’aperçoit qu’on a maintenant des abeilles, des coccinelles, des pucerons, des papillons… plein de petites choses ! »

La pollinisation est en route, et bientôt les légumes atterriront dans les assiettes du restaurant situé juste à côté sur la terrasse, le Perchoir, dont le chef cuisinier n’a plus qu’à faire quelques mètres pour cueillir tomates et basilic : le circuit court le plus court au monde. La ferme urbaine a aussi ouvert quelques carrés de potager à ses voisins, qui peuvent les louer à l’année, pour cultiver leurs propres légumes.

« J'ai marché sur un escargot. Est-ce que ça fait de moi un meurtrier ? »

Aïe ! La coquille de l'escargot, qui lui sert de maison, offre au gastéropode une protection limitée. Comme l'oeuf de la poule protège le fœtus du poussin jusqu'à sa naissance. Pour l'escargot, la coquille, c'est jusqu'à la mort. Utile contre les prédateurs, la chaleur et le froid. Mais contre les chaussures, sous le poids d'un homme, c'est plus compliqué. Si votre pied brise le centre de la coquille, les organes vitaux seront atteints ; c'est la mort assurée. Si seul le bord est écrasé, la coquille pourra se reformer, grâce à la calcite que le gastéropode sécrète, du calcaire. Mais pour ça, l'escargot en bave. 

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