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Le brame du cerf, une téléréalité en forêt

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C'est un moment exceptionnel de la nature, et ce sont des moyens exceptionnels que France Télévisions a déployé en région parisienne pour filmer la période de reproduction des cervidés 24 heures sur 24, quand le mâle devient fou d'amour.

Le cerf Léon dans la réserve naturelle ouverte aux touristes.
Le cerf Léon dans la réserve naturelle ouverte aux touristes. © Agnieszka Kumor / RFI
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« Le brame du cerf, c'est un peu la finale de la Champions League de la nature ! Même les gens qui ne sont pas passionnés par la nature vont voir au moins une fois dans leur vie le brame du cerf », assure Pierre Singer, le président de l'Espace Rambouillet, une forêt des Yvelines, près de Paris, qui accueille pendant trois semaines le tournage d'une émission de télévision inédite en France. Produite par France Télévisions, Le Brame du cerf, calquée sur le modèle de la slow télé inventée en Scandinavie, où des millions de téléspectateurs suivent en temps réel, 24 heures sur 24, les pérégrinations des élans par exemple. Une téléréalité sans bellâtre ni cagole, mais avec des animaux.

L'Espace Rambouillet, créé en 1972 par l'Office national des forêts, concentre quelque 70 cervidés sur 250 hectares, et organise chaque année des sorties pour aller entendre le raire, le célèbre cri d'amour déchirant la forêt que le cerf émet. Cette fois, plus besoin de sortir de chez soi : bien calé devant son écran, et grâce à sept caméras et micros installés à des endroits stratégiques, comme les points d'eau, on peut assister à l'un des plus saisissants spectacles de la nature : quand commence le brame, la période de reproduction des cervidés.

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Un énorme désir

Excepté l'ours, le cerf est le plus grand mammifère des forêts françaises, et c'est en ce moment, au début de l'automne, qu'il entre en action. En tout cas, il aimerait bien. « Les mâles vont tout à coup avoir une voix qui va apparaitre, pas comme on le raconte parfois de façon un peu romantique et un peu anthropomorphique pour séduire les femelles, mais plutôt pour exprimer une énorme frustration et un énorme désir. Leur taux de testostérone est multiplié par mille, la pression des vaisseaux sanguins dans les testicules est devenue considérable. Ces animaux sont en recherche de très nombreuses femelles. Il faut attendre, patiemment, et le cerf n'a pas de patience. Il va donc détruire des fougères, de petits arbres, se rouler dans la boue... Il ne mange plus, il ne boit plus, il ne dort plus. Il va perdre jusqu'à 25 % de sa masse corporelle », détaille Pierre Singer.

Comportement fou

Le cerf violent impressionne les humains, beaucoup moins les autres habitants de la forêt. « Ce comportement complètement fou du cerf laisse quand même beaucoup les femelles dans l'indifférence », précise Pierre Singer, comme on peut le voir sur les images. Un cri long et puissant a beau résonner dans la forêt, les biches continuent de brouter tranquillement… La période est exceptionnelle, mais la nature vit sa vie : « On voit un blaireau passer, on voit un renard se faufiler... La vie continue autour du cerf ! »

Toute cette agitation du cerf n'a qu'un but, mais le clou du spectacle n'a pas été filmé. Il se révèle finalement assez décevant, comme le raconte Pierre Singer : « Le cerf est dans un tel état de pression sexuelle que les choses sont très rapides. On n'a pas pu y assister, c'est tellement rare. On dit que le cerf fait la chandelle, parce que pour s'accoupler, il va monter sur la femelle et va s'en extraire très vite, en étant presque comme un I, comme une chandelle. » Vite fait, bien fait, l'essentiel est là, pour le cerf, qui doit perpétuer son espèce ; le jeu en vaut la chandelle.

La question de la semaine

«Peut-on dormir la tête haute?»

Peut-on dormir debout ? Pour tous les humains, même un ancien président, c'est impossible. Nos muscles se relâchent et nos jambes finissent immanquablement par ployer, ce qui n'est pas le cas chez d'autres animaux. Les oiseaux par exemple, dès qu'ils se posent : les tendons des muscles fléchisseurs bloquent automatiquement leurs doigts agrippés à la branche – aucun risque de chute en dormant. Un mécanisme appelé tenségrité, que possède aussi la chauve-souris. Elle, elle pourrait dormir la tête haute, mais non, elle dort la tête en bas, et il y a une raison. Ses pattes ne sont pas assez puissantes pour lui permettre de prendre son envol. La tête en bas, en revanche, il lui suffit de se lâcher dans le vide pour se mettre à voler. Un vol qui ne conduit pas en prison.

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