La France détient le record d’Europe des abandons d’animaux de compagnie, chiens et chats pour l’essentiel. 100 000 chaque année. Des abandons qui culminent pendant les vacances scolaires, et particulièrement pendant l’été, période de forte activité pour la Société de protection des animaux, à l’image du refuge de la SPA de Gennevilliers en région parisienne.

On les entend, avant de les voir. Un concert d’aboiements accueille le visiteur du refuge de la SPA, la Société protectrice des animaux, à Gennevilliers, au nord de Paris. Des dizaines de chiens dans des cages alignées, aux grilles resserrées pour qu’on ne puisse y passer la main. Certains pourraient mordre, même si la plupart attendent des caresses.
« Ça va, ma Nounette ? Ben oui, je sais, c’est long pour toi. » Carole Retrou est la responsable du refuge. « Certains cumulent des mois, voire des années de box. » Elle connaît presque tous ses pensionnaires, sauf ceux qui viennent d’arriver il y a quelques heures à peine. Des chiens en provenance de Guadeloupe. Parce que la SPA là-bas est débordée, et parce qu’ici, en Île-de-France, les adoptants sont plus nombreux, eu égard à la population. Et parce que le refuge de Gennevilliers est le plus grand de France, le plus ancien aussi. Plus de 3 200 adoptions par an.
Des animaux traumatisés
Mais avant de retrouver une famille, les chiens et les chats, pour l’essentiel, et quelques souris ou lapins de compagnie, sont soignés, remis en forme, après un abandon toujours éprouvant. Outre les maladies et les blessures, leur traumatisme psychologique est particulièrement visible. « On a des animaux qui vont tourner sur eux-mêmes, qui vont se mordre la queue, qui vont se manger les pattes, qui vont aboyer constamment. Quand un chien arrive dans un chenil au milieu de la nuit, avec tous les aboiements des autres chiens qu’on réveille et qui sont en détresse eux aussi, c’est la panique générale. Ça fait mal au cœur », témoigne Carole Retrou.
Les chats, eux, constituent les trois quarts des adoptions du refuge de Gennevilliers. Avec un pic en été, quand les chattes ont mis bas. « Parfois on arrive ici et on peut trouver devant la porte un sac plastique avec des chatons dedans. » Il y a deux modes d’abandon. Des animaux apportés directement au refuge, et ceux ramassés dans la rue par la fourrière. « Certains sont de véritables chats sauvages. Ils ne sont pas adoptables en l’état. Sauf si quelqu’un veut un tigre à la maison ! »

« On veut un chien aussi performant qu’un i-Phone »
Les refuges de la SPA ont été débordés au printemps, après le confinement ; pendant trois mois, il n’y avait eu personne dans les rues pour repérer les animaux errants. Les propriétaires ne pouvaient pas non plus sortir pour les abandonner. « C’était bien utile, un chien, pour faire sa sortie autorisée », sourit amèrement Carole Retrou. La France détient le record d’Europe des abandons d’animaux, 100 000 chaque année. « Parce que la loi n’est pas appliquée, estime la jeune femme. On est content quand quelqu’un prend 450 euros d’amende pour avoir laissé son chien mourir dans une voiture en plein soleil. Quatre cent cinquante euros pour avoir tué un être vivant ! »
Les animaux de compagnie sont des victimes de la société de consommation. Vite achetés, dans des animaleries, ou sur Le bon coin, le site d’annonces gratuites à succès, et vite jetés.
« Aujourd’hui, on veut un animal socialement correct. On veut qu’il soit aussi performant que notre i-Phone. On pense qu’il y a un SAV pour tout, et la SPA est le service après-vente de tout ce trafic d’animaux ». « Un animal, c’est comme un enfant, et un enfant, on ne l’abandonne pas », renchérit Véronique, venue avec son fils Tom adopter un chien. Ils sont en arrêt devant Pin Up, une femelle staff de deux ans. « Si on le prend, ce n’est pas un jouet, ce n’est pas pour s’en amuser à Noël, et puis dès qu’arrivent les grandes vacances, c’est fini, on s’en débarrasse ? Non ! »
« Pendant la canicule, cette semaine les poissons devaient être bien, au frais, dans l’eau ? »
Pas forcément, non. Dans le lac d’Enghien-les-Bains, près de Paris, mercredi matin, des milliers de cadavres de poissons flottaient à la surface. Une dizaine de tonnes au moins. Avec la canicule, l’eau du lac a atteint 28 degrés, l’oxygène s’est raréfié, alors que les sources qui l’alimentent étaient à sec. Les poissons sont morts asphyxiés.
Dans le sud-ouest de la France, une centrale nucléaire, qui utilise, et rejette, l’eau de la Garonne pour refroidir ses réacteurs, était justement à l’arrêt ces derniers jours. Pour préserver la biodiversité, parce que l’eau du fleuve dépassait déjà les 28 degrés. Un phénomène qui se répète chaque été, et ça ne va pas s’arranger.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne