C’est bientôt la rentrée parlementaire dans la plupart des pays de l’hémisphère nord. En Irlande, le Sénat a été constitué quelques semaines seulement avant la pause estivale. Parmi les nouveaux sénateurs, nommée par le Premier ministre, une femme : Eileen Flynn. Cette trentenaire fait l’histoire en devenant la toute première membre de la communauté des Travellers irlandais, une branche des gens du voyage, à accéder à une représentation nationale. De quoi encourager les plus jeunes dans une minorité discriminée en Irlande.

Elle était déjà la première femme du voyage, ou Traveller, diplômée du supérieur. Aujourd’hui première parlementaire, Eileen Flynn, 30 ans, entend apporter de la nouveauté. « Je serai la voix de l’indépendance, de l’égalité, pour les Travellers mais aussi pour toutes les minorités ethniques d’Irlande, pour que leurs enfants et ma propre fille vivent dans une Irlande meilleure. »
Les Travellers représentent 1% de la population irlandaise, mais se sentent considérés comme des citoyens de seconde zone. A 15 ans, Amy et Sinead, ont déjà fait l’expérience du racisme anti-travellers.
Sinead : « Des profs m’ont déjà traitée de manouche. Un jour, avec mes copines, un professeur nous a dit bonjour. On lui a répondu que nous les jeunes, on le disait autrement. Il m’a répondu : quoi, tu veux que je parle comme un manouche à longueur de journée ? »
Amy : « Déjà à notre âge on nous traite différemment, alors quand on voudra chercher un travail, on sait que ce sera difficile. »
Le taux de chômage atteint les 80% dans la communauté. Longs cheveux blonds, Sinead fait partie d’une minorité à vouloir continuer ses études après le lycée. Elle et sa cousine attendent beaucoup d’Eileen Flynn.
Sinead : « Je ne me sens pas vraiment écoutée. J’espère que désormais, on sera mieux acceptés par la population, qu’on soit traités comme tout le monde. »
Amy : « Les politiques n’écoutent pas ce qu’on a à dire, parce qu’on est des Traveller’s. »
Les deux jeunes filles regrettent que les récentes manifestations contre le racisme et le mouvement #BlackLivesMatter n’aient pas suffi pour que les Travellers d’Irlande puissent prendre la parole.
« Il y a un racisme institutionnalisé, structurel. »
Martin Collins codirige Pavee Point, qui défend les droits des Travellers et des Roms. « On le voit en termes de santé, d’éducation, d’emploi, de conditions de vie. Un Traveller vit en moyenne 15 ans de moins que le reste des Irlandais. Le taux de suicide dans notre communauté est 7 fois supérieur à la moyenne nationale. Voilà de quoi on parle quand on parle de racisme. Si on résout le problème du racisme, on résoudra tout le reste. »
L’activiste salue l’arrivée d’Eileen Flynn au Parlement, forcément une avancée.
« Les associations travellers attendaient ça depuis des années. Mais vous savez, ça ne suffit pas. Il faut que ce soit le début de quelque chose, pas une fin en soi. Il nous faut des Travellers à chaque échelon de la vie publique. »
Martin Collins espère que le parcours d’Eileen Flynn poussera d’autres jeunes, comme Amy et Sinead , à s’investir aussi pour la communauté Traveller d’Irlande.
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