Les petits Mexicains ont repris le chemin de l’école ce lundi. Mais coronavirus oblige, les élèves restent chez eux, car en ce début d’année, les cours seront donnés à la télévision. Professeurs et présentateurs enseigneront ensemble à 30 millions d’élèves à travers six chaînes du petit écran et les cours sont prévus jusqu’à décembre dans un pays où la pandémie est encore très active.

Au Mexique, la rentrée scolaire était différente cette année pour quelque 30 millions d'étudiants. Pour ne laisser personne sur le carreau, le ministère de l’Éducation a choisi d’assurer l’enseignement à travers le petit écran, dans une version améliorée des cours télévisés donnés depuis la fermeture des écoles fin mars. Contrairement à Internet, 92% des foyers mexicains ont la télévision. Pour les autres, des manuels scolaires ont été distribués, et les cours seront donnés à la radio en 20 langues indigènes.
Mais dans la pratique, les enfants ne peuvent être laissés seuls face à la télé, explique Mariana Arriaga, qui donne cours à sa fille de 9 ans depuis le début de la pandémie. « La petite aura cours de 9h à 11h tous les jours. Je réfléchis à changer mes horaires de boulot pour commencer après onze heures. Je suis obligée de rester à côté d’elle parce que le programme télé va trop vite. Même moi je n’arrive pas à suivre le rythme des questions, alors on filme l’écran pour pouvoir revoir. Et il y a le sujet des devoirs. Elle en a reçu tellement ces derniers mois, on lui envoie de quoi occuper la semaine et on se retrouve à faire les devoirs à des heures complètement indûes. »
Pour accompagner les élèves, les professeurs sont censés envoyer des exercices basés sur les notions vues à la télévision et évaluer les élèves chaque trimestre. Or seuls 7 foyers sur 10 ont accès à internet et 4 à un ordinateur, rappelle Sulem Estrada, professeure d’espagnol dans un collège de Mexico. « Sur mes élèves, seuls 30% sont équipés, je l’ai constaté pendant la fermeture des écoles durant la pandémie. Qu’est-ce que ça veut dire ? Que seuls 30% des enfants pourront progresser cette année ? Ça revient à créer des inégalités entre les élèves. Nous les professeurs avons du mal à comprendre l’empressement du gouvernement à poursuivre le programme scolaire quand ils savent qu'une majorité des élèves resteront sur le carreau. »
José Luis par exemple a 12 ans, et sa maman Norma Molina ne peut l’aider comme elle le voudrait. « J’ai appris des choses à l’école mais maintenant le programme est bien différent, on ne connait pas tout ça… Parfois c’est mon fils aîné qui aide le petit parce que moi je suis larguée. Et puis l’école veut tout faire par internet, mais écoutez, moi je n’ai pas internet chez moi ! On ne sait pas utiliser un ordinateur, alors avoir internet ! On n’a pas les moyens pour tout ça. »
Le Mexique se trouve régulièrement tout en bas du tableau de l’enquête référence PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), mais ces dernières années, les chiffres montrent que le pays grignotait peu à peu le fossé qui sépare les bons des mauvais élèves, réduisant ainsi les inégalités. Une avancée fragile qui risque de disparaître avec la pandémie.
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