Reportage international

Que sont devenus les 163000 réfugiés accueillis par la Suède en 2015?

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Il y a cinq ans, en 2015, une vague de réfugiés venus entre autres de Syrie, d’Afghanistan, et d’Irak arrivaient sur notre continent. Parmi les pays destinataires, la Suède s’est distinguée. Le royaume nordique a en effet accueilli cette année-là 163 000 réfugiés, pour dix millions d’habitants, soit la plus forte proportion en Europe. Cinq ans après, la question migratoire est restée au centre du débat politique.

De jeunes migrants marchent sur l'autoroute E45 depuis Padborg, à la frontière dano-allemande, en direction de la Suède en septembre 2015.
De jeunes migrants marchent sur l'autoroute E45 depuis Padborg, à la frontière dano-allemande, en direction de la Suède en septembre 2015. ©SCANPIX DENMARK/AFP
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Dans le hall de la gare de Stockholm, une exposition patronnée par le HCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés, montrait il y a quelques jours des photos de Syriens arrivés lors de la grande vague de 2015. Ils posent, face à l’objectif, avec les clés de l’appartement ou de la maison qu’ils ont laissé à Alep, ou Idlib.

Pour Ulrika Nilsdotter, qui recueille des dons pour le HCR, ce fut un moment historique :  « Il y avait des gens partout, ce hall de gare était couvert de matelas. C’était pareil dans toutes les églises, les gymnases, les hôtels, partout. Beaucoup de mes amis se sont rendus dans cette gare pour aider… »

Dès la fin 2015, pourtant, la Suède annonçait un durcissement temporaire des règles de l’asile, avec la généralisation de permis de résidence temporaire, des réunifications familiales plus difficiles. Au final, 163 000 personnes ont demandé l’asile mais ce que l’on sait moins, c’est que 40% de ces demandes… ont été refusées.

Résultat : des milliers de réfugiés vivent illégalement en Suède, surtout des Afghans. Anna Lindblad est avocate dans un centre d’aide légale aux réfugiés :  « J’ai rencontré un homme, la semaine dernière, qui après avoir été débouté de l’asile est allé en Allemagne refaire une demande. En vertu du règlement de Dublin, il a été renvoyé en Suède. Et dans ce cas-là il n’a plus aucun droit, même si c’est une famille avec des enfants, car il n’est plus considéré comme un demandeur d’asile en Suède. On est passé d’un système généreux, avec des permis de résidence permanent au minimum européen. »

Pour les défenseurs des droits de l’homme, la Suède a failli à sa tradition. Mais pour Joakim Palme, qui préside un institut chargé de conseiller le gouvernement sur ces questions, c’était le prix à payer pour préserver le modèle suédois. Car cette vague migratoire a été exceptionnelle par son ampleur, mais aussi par sa composition : « Sur les 80 000 mineurs non accompagnés qui sont entrés en Europe cette année-là, Plus de 33 000 sont arrivés en Suède. Le système a été poussé jusqu’à ses limites. Et dans certains cas, par exemple le système scolaire, les limites ont été dépassées. Nos politiciens étaient fiers de notre généreux système d’asile mais dans le monde sans frontières de Schengen vous ne pouvez pas être plus généreux que les autres. »

Aujourd’hui la Suède reçoit à peine plus de 20 000 réfugiés chaque année, mais cette question agite sans cesse le débat politique, sur fond de montée de l’extrême droite. Le gouvernement du social-démocrate Stefan Löfven voulait ainsi pour le mois d’août une nouvelle loi – permanente celle-ci - pour réglementer l’asile. Mais il n’a pas pu mettre les partis politiques d’accord.

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