Chronique des matières premières

Total reconvertit sa raffinerie de Grandpuits en plateforme «zéro-pétrole»

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Le géant français des hydrocarbures accélère sa transition énergétique dans l’Hexagone. Total va convertir la raffinerie de Grandpuits, à l’est de Paris, en une plateforme « zéro-pétrole ». Le site produira bientôt du biokérosène, du bioplastique et recyclera le plastique usagé.

L'entrée de la raffinerie de Grandpuits, en Seine-et-Marne.
L'entrée de la raffinerie de Grandpuits, en Seine-et-Marne. AFP/Martin Bureau
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Grandpuits était la dernière raffinerie de la région parisienne. Bientôt ce seront les raffineries de Normandie et de Donges, dans l’ouest de la France, qui pour Total alimenteront les stations-service et les aéroports franciliens. « Fin 2023 il n’y aura plus une goutte de pétrole sur ce site », a résumé le directeur du raffinage et de la chimie du groupe. À la place, trois nouvelles usines verront le jour d’ici 2025.

Mue verte et opportunités pour Total

L’une fabriquera du biocarburant pour le transport routier, mais surtout pour le transport aérien, à partir de graisses animales issues des restaurants et des cantines, et d’huiles végétales comme l’huile de colza. À l’exception de l’huile de palme, précise Total. Pas question de répéter l’erreur commise à La Mède, dans le sud de la France. Une deuxième usine fabriquera en association avec le Néerlandais Corbion du bioplastique biodégradable à base de sucre (de l’acide polylactique, qu’on appelle aussi PLA). Une technologie déjà opérationnelle dans une première usine de Total Corbion en Thaïlande.

La troisième usine recyclera les plastiques usagés, chimiquement, par pyrolyse, pour arriver à un polymère aussi pur que le plastique vierge, pour un usage alimentaire. Le géant du pétrole accélère sa mue verte. Total s’est engagé à être neutre en émissions carbone d’ici 2050. Mais c’est aussi une affaire d’opportunités pour le groupe pétrolier.

Délocalisation du raffinage et marché porteur du bioplastique

L’oléoduc qui acheminait le brut du port du Havre à Grandpuits avait des fuites qui ne permettaient pas à la raffinerie de produire à pleine capacité. Reconstruire ce pipeline aurait coûté plus cher que la nouvelle plateforme, un investissement de 500 millions d’euros.

La production de biokérosène a un bel avenir si le secteur aérien veut diminuer son empreinte carbone. La demande de bioplastique progresse de 15% par an, alors que la consommation de carburants classiques baisse de 4 à 5% par an en France. Le raffinage se délocalise au Moyen-Orient et en Asie, constatent amers les syndicats de Total, qui s’opposent aux 200 suppressions d’emplois, 700 suppressions si l’on inclut les sous-traitants. Ils proposent de recréer encore plus d’activités sur le site de Grandpuits, comme la production d’hydrogène vert et le captage du CO2.

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