Conflit du Karabakh: des enjeux énergétiques en filigrane
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Les enjeux pétroliers et gaziers ne sont pas étrangers à la reprise du conflit dans le Nagorny Karabakh. L’enclave séparatiste arménienne est à quelques kilomètres des deux pipelines qui permettent à l’Azerbaïdjan d’exporter ses hydrocarbures vers la Turquie, et bientôt vers l’Europe.

Les enjeux énergétiques apparaissent en filigrane dans le conflit du Karabakh, relancé il y a une semaine par l’offensive de l’Azerbaïdjan dans l’enclave arménienne, avec le soutien de la Turquie. À moins de 40 kilomètres de la zone de front se trouve la vallée qu’empruntent les routes du pétrole et du gaz azerbaïdjanais, à savoir l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan) et le gazoduc du Sud Caucase SCP (South Caucasian Pipeline), qui aboutissent en Turquie.
Des infrastructures énergétiques à quelques kilomètres
Aucun des États belligérants n’a intérêt à s’en prendre à ces infrastructures, surtout pas l’Azerbaïdjan, qui vit de l’exportation des hydrocarbures, ni l’Arménie, qui franchirait là une ligne rouge très dangereuse vis-à-vis de la communauté internationale.
L’Azerbaïdjan voit ses ressources fondre
Mais le calendrier de l’attaque azerbaïdjanaise n’est pas fortuit, estime l’expert Pierre Terzian. « L’Azerbaïdjan voit les revenus de ses hydrocarbures plonger. Ses réserves de pétrole s’épuisent, le brut est de plus en plus coûteux à extraire or le prix du baril s’est effondré à cause du Covid. Plus grave, souligne le président de Pétrostratégie, le développement du projet gazier de Shah Deniz II, qui devait prendre le relais, a été conçu sur la base d’un pétrole à 80 puis à 60 dollars, pas à 40 ! L’Azerbaïdjan qui va commencer à expédier du gaz à l’Italie dans quelques semaines va le vendre à perte, il le vend déjà à perte à la Turquie. Ses finances ne lui permettront bientôt plus d’acheter des armes ».
La Turquie renégocie ses contrats gaziers
La Turquie va renouveler un tiers de ses contrats gaziers à long terme en 2021. Pour l’instant la Russie est son principal fournisseur, mais les volumes de l’Azerbaïdjan devraient monter en puissance quand le gazoduc transanatolien TANAP fonctionnera à pleine capacité. Un argument pour renégocier ses tarifs à la baisse auprès du géant russe Gazprom.
L’Europe va bientôt recevoir du gaz d’Azerbaïdjan
Enfin l’Europe s’agite mollement contre l’Azerbaïdjan, dont elle attend d’ici la fin de l’année les premiers volumes de gaz, via le gazoduc Transadriatique TAP. Cette route gazière lui permettra de diversifier son approvisionnement vis-à-vis de la Russie.
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