Les ventes d’armes à feu battent tous les records ces derniers mois aux États-Unis
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Ces derniers mois, une frénésie d'achat d'armes s'est emparée des Américains. Difficile d’avoir des chiffres exacts, mais l’année 2020 est un record absolu. Au moins 17 millions de personnes ont été enregistrées comme nouveaux acheteurs sur les registres fédéraux. Qui sont ces clients ? Qu'est-ce qui les pousse à s’armer ? Reportage dans le Tennessee de notre envoyée spéciale.

Depuis le mois de mars, l’armurerie familiale Gilberts, entre Nashville et Memphis ne désemplit pas. « Je dois avoir une vingtaine d’armes, c’est un hobby, j’aime tirer. Le problème c’est qu’il y a une pénurie de munitions en ce moment. J’ai dû conduire une bonne heure pour venir en chercher ici. »
Richard Bayley, retraité de l’armée, chapeau de cow-boy et masque pro-Trump sur le nez, ne sort jamais sans son arme de poing accrochée à sa ceinture. « Le monde est en train de changer, je ne suis pas un extrémiste, mais je crois que tout le monde a eu très peur des émeutes à Louisville, à Minneapolis, voir des milices noires débarquer dans les rues. Le lendemain, les ventes d’armes ont explosé. »
Pour beaucoup, c’est un premier achat. Marco a 21 ans, il est venu s’informer, un peu timide, sur les différents modèles. « Avec l’élection qui approche, personne ne sait comment ça peut tourner et puis si Biden est élu, les lois pourraient changer. »
La hausse spectaculaire des achats d’armes à feu est en partie une affaire de femmes. Crosses colorées, sacs à main sur mesure, armes plus faciles à manier, il y a l’embarras du choix. L’autre catégorie à s’être ruée sur les armes ce sont les Afro-Américains. Les ventes auprès d’eux sont en hausse de 58% en seulement quelques mois. Pour Traylor, par exemple, la mort de Georges Floyd a été un déclic. « J’ai stressé. Je me suis dit que je ne pouvais pas passer le reste de ma vie sans armes parce que même si je me balade juste, si un raciste décide de m’attaquer, de me tirer dessus, au moins je peux répliquer, j’en ai le droit. Me défendre, moi et ceux que j’aime. Ça me rassure. »
La pandémie, les pillages en marge des manifestations de Black Lives Matter, la résurgence du suprémacisme blanc, l’inquiétude par rapport aux élections, voilà un cocktail d’angoisses qui fait les affaires de Jason Gilbert, le propriétaire. « Peu de gens le savent mais, on vend 3/4 des armes à des gens qui ont un permis spécial, c’est-à-dire le droit de porter une arme dissimulée. Une fois qu’une personne a obtenu ce permis, on ne comptabilise plus le nombre d’armes qu’elle achète puisque le contrôle de ses antécédents est fait automatiquement tous les mois via un système informatique. Donc en fait, quand les chiffres disent “10 000 ventes ce mois-ci”, on est probablement plus proche des 50 000. »
Les formations au tir ont également beaucoup de succès. Plus divisés que jamais, les Américains, semblent s'accorder sur le fait que leur sécurité s'est dégradée, et qu'il vaut mieux se préparer au pire.
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