Pérou: les populations indigènes en conflit avec Glencore
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Les populations indigènes de la région de Cusco manifestent contre le géant minier suisse Glencore, responsable de graves pollutions aux conséquences sanitaires dramatiques. Ce conflit, qui dure depuis plusieurs années, entraîne régulièrement la paralysie de l’activité minière, essentielle pour l’économie péruvienne. Un conflit dont la résolution pourrait venir d’une initiative fédérale suisse
Entre juillet et août dernier, des dizaines de personnes ont manifesté près de la mine de cuivre d’Antacappay à Espinar, dans la région de Cusco, pour dénoncer les pratiques du groupe Glencore. La multinationale suisse, à qui appartient la mine, est accusée de polluer l’air, l’eau et les sols de la zone depuis des décennies et de ne pas tenir ses promesses de compensation pour les dommages causés à la population. Sans compter que Glencore veut étendre la mine d’Antacappay en expulsant les indigènes de leurs terres.
Pendant des semaines, en guise de protestation, les manifestants ont donc barré la route aux camions qui transportaient le minerai en provenance de la mine d’Antacappay, mais pas seulement, causant d’importantes pertes pour tout le secteur minier, comme l’explique José de Echave, économiste spécialiste de l’activité minière au Pérou : « La mine d’Antacappay est située sur ce qu’on appelle "le couloir minier sud", c’est la principale zone productrice de minerais du pays. Les blocages répétés liés à ce conflit ont donc eu un impact négatif important pour tout le secteur minier ».
L’État en médiateur
Rappelons que l’activité minière est un secteur clé de l’économie péruvienne puisqu’elle représente 10% du PIB et 60 % des exportations du pays. L’État s’est donc posé en médiateur dans ce conflit et a entamé un dialogue avec les populations locales et l’entreprise. Il y a quelques semaines, Glencore a finalement accepté de verser 44 millions de soles, soit 10 millions d’euros aux habitants vivant à proximité de la mine. Ces derniers réclamaient une aide financière pour faire face à la pandémie. La compagnie minière a également promis d’investir dans différents projets pour soutenir la relance de l’économie locale.
En parallèle, Glencore doit faire face à un autre conflit similaire autour de la gigantesque mine de zinc et de plomb de Volcan située à Cerro de Pasco, dans la cordillère des Andes. Là encore, des milliers de personnes ont été contaminées par des métaux lourds issus de l’activité minière du groupe.
L’autre menace qui pèse sur Glencore
Mais au-delà de la colère des indigènes péruviens, Glencore pourrait bientôt avoir à affronter une autre menace, venant de son pays d’origine cette fois. En effet, les Suisses voteront fin novembre sur une initiative fédérale pour exiger des grandes entreprises helvètes et de leurs filiales à l’étranger qu’elles respectent les droits humains et environnementaux et ce selon les normes en vigueur en Suisse, sous peine de sanction
Si elle est approuvée, cette initiative pourra s’appliquer à la multinationale helvète Glencore et permettre aux victimes de ses violations, nombreuses à travers le monde (en Amérique du Sud, mais aussi en Afrique et particulièrement en RDC), d’exiger réparation en Suisse.
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