Le cabinet de recrutement de cadres dirigeants et membres de comités de direction Fed Africa vient de publier (le 6 octobre 2020) une étude consacrée à la mobilité interafricaine. Une enquête réalisée entre février et avril 2020 autour d’un certain nombre d’interrogations auprès de 761 personnes, dont certaines veulent s’installer dans un autre pays, alors que d’autres ont déjà passé le cap.

Premier enseignement de l’étude de Fed Africa : 97% des candidats interrogés sont prêts à changer de pays pour une opportunité professionnelle. Une première enquête sur le sujet depuis la création du cabinet Fed Africa en 2010.
Deffa Ka, directrice du bureau de Paris : « C’est un projet qu’on avait initié depuis la création du cabinet sauf que, force est de constater que les données sur le marché sont souvent très floues. Les entreprises reviennent souvent vers nous en nous demandant les niveaux de rémunération pour tel type de profil ; est-ce que les profils sont vraiment mobiles ; comment se porte le marché ? Et finalement il n’y a pas réellement d’études qui existent. Donc cette année on s’est dit que c’est le moment de démarrer avec une première étude déjà pour parler de la mobilité, puisque l’Afrique est une terre qui regorge d’opportunités et pleine de potentiels. Mais on ne sait pas vraiment si les profils sont mobiles sur le continent, si ceux qui sont déjà sur le continent sont mobiles vers d’autres pays de la sous-région, si ceux qui sont à l’extérieur du continent ont des envies d’Afrique… »
Et le constat est simple, selon Deffa Ka, « la mobilité n’est pas un frein en Afrique ». Et l’étude a montré que la priorité des candidats à la mobilité est de rester sur le continent. La présence des hauts cadres d’origine africaine au sein des multinationales implantées sur le continent s’est accélérée ces deux dernières décennies. Pour les cabinets de recrutement, il y a aujourd’hui autant de demandes des profils locaux, des profils de la diaspora ou des profils d’expatriés non africains.
Maymouna Mauvois, directrice du bureau Fed Africa d’Abidjan : « On nous demande beaucoup d’avoir des profils venant de la sous-région idéalement, afin d’éviter de recourir toujours au débauchage chez les concurrents sur place. Mais on cherche quand même quelqu’un qui a une bonne connaissance de la sous-région, surtout pour du développement commercial. Moi je travaille sur des postes qui sont basés en Côte d’Ivoire, mais qui peuvent avoir un rayonnement sous régional. »
Dans cette catégorie de hauts cadres et de managers au service de grandes entreprises, que ce soit des multinationales ou des champions régionaux, les candidats à la mobilité interafricaine n’ont cessé de se multiplier ces dernières décennies. En général, la mobilité réussit à tous les hauts cadres avec parfois des exceptions. Mais la pandémie de coronavirus fait de 2020 une année particulière en termes de fonctionnement.
« On a un certain nombre de recrutements qui ont démarré et qui continuent à avancer. Finalement, la Covid a été un entraînement pour nous tous d’apprendre à travailler à distance. Donc, les process continuent. Mais si la crise sanitaire perdure, ça peut poser des problèmes, notamment sur les prospects qui comptaient s’installer et qui attendent que cette période passe avant de recruter des business-développeurs, etc. »
Entre l’expatriation des cadres non africains vers le continent et la mobilité interafricaine, il n’y a pas encore d’étude quantitative sur le pourcentage des managers d’origine africaine dans les grandes entreprises. A noter tout de même un constat relevé : les candidats à la mobilité sont moins réticents aujourd’hui à travailler pour les entreprises exclusivement africaines qu’il y a quelques années.
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