Reportage international

Elections municipales dans un contexte difficile au Brésil

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Ce dimanche a lieu le premier tour des élections municipales au Brésil. Un scrutin qui se joue dans le contexte de la pandémie de Covid-19, qui a fait plus de 160 000 morts dans le pays. C’est également l’occasion pour le président Jair Bolsonaro de prendre la température du pays à mi-mandat.

Le Christ Rédempteur qui surplombe la ville de Rio de Janeiro au Brésil (photo d'illustration).
Le Christ Rédempteur qui surplombe la ville de Rio de Janeiro au Brésil (photo d'illustration). REUTERS/Agustin Marcarian
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En campagne dans les rues de Méier, quartier de la zone Nord de Rio de Janeiro, Renata Souza tend son programme et ses autocollants aux vendeurs ambulants. La candidate à la mairie de Rio revendique sa proximité avec Marielle Franco, la militante des droits de l’homme, assassinée il y a deux ans et demi. Une des vendeuses ambulantes lui répond : « Regardez, je n’ai encore accepté aucun autocollant, je refuse tous les autres qui passent. Mais celui-ci, je le colle avec plaisir ! »

Derrière leur petit stand de fruits, Ana Paula et Luiza étaient déjà convaincues : « Je me sens représentée par elle parce que c’est une femme et qu’elle est noire. Elle vient d’une favela… Et qui vient d’en bas aide ceux qui sont en bas alors que ceux qui sont déjà là-haut ne veulent même pas entendre parler de nous. »

« J’en ai assez de ces voleurs », commente un homme dans un kiosque à journaux au passage de la candidate. L’actuel maire de Rio, Marcelo Crivella, candidat à sa réélection, soutenu par le président Jair Bolsonaro, est visé par une enquête pour corruption. Renata Souza dénonce sa gestion de la pandémie : « Ici, dans la ville de Rio de Janeiro, plus de 11 000 personnes sont mortes du Covid-19. Et 80% d’entre elles sont mortes dans les zones Ouest et Nord, où se trouvent les quartiers les plus pauvres. On sait que le Covid-19 tue, mais les inégalités encore plus… Et la corruption aussi ! Parce que ces personnes se sont retrouvées sans respirateurs. À Rio, nous avons été victimes de tout un système de corruption dans l’achat frauduleux de respirateurs. »

Si cette année les candidatures de maires ou conseillers municipaux femmes, noirs, indigènes ou transgenre ont atteint un taux record, c’est aussi le cas des candidatures de policiers et d’évangéliques. À 34 ans, Moyses votera à gauche mais sans convictions. Pour lui c’est la vieille politique qui gagnera, avec Eduardo Paes, ancien maire de la ville de 2009 à 2016 : « Moi, je n’y crois plus trop. À partir du moment où il dit qu’il fera une bonne politique avec Bolsonaro, ça me fait déjà peur. On vit des années difficiles au Brésil. »

Pour Adriana, jeune transgenre qui a grandi dans la favela de Maré, faire campagne dans la rue en 2020 est dangereux mais indispensable : « On est en train de mettre nos vies en péril, et pas seulement à cause de la pandémie. Mais plus que jamais, nous avons besoin d’un changement au niveau politique, donc on se doit d’être dans la rue. »

Deux ans après l’élection de Jair Bolsonaro, les municipales sont le théâtre de violences sans précédent. Cette année, 82 militants et candidats ont été assassinés dans le pays.

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