Accents d’Europe se rend aujourd’hui en Italie, où le gouvernement d’extrême-droite de Giorgia Meloni n’a cessé d’entraver le travail des ONG d’aide aux migrants que son camp accable depuis des années d’accusations diverses.

Alors maintenant, que va faire Giorgia Meloni de son bon résultat aux Européennes et des 28% remportés par son parti Fratelli d’Italia ? Du côté des associations de secours en mer ou de celles qui fournissent une assistance matérielle et logistique à terre, ainsi que des conseils juridiques et bien sûr un soutien psychologique, on craint un durcissement politique. Notre envoyé spécial en Italie Daniel Vallot s’est rendu auprès de ces associations, dont la marge de manœuvre s’est considérablement réduite depuis l’automne 2022.
À quoi ressemble la BBC nouvelle
Intéressons-nous maintenant à la BBC, « The Beeb » comme on la surnomme familièrement au Royaume-Uni… Certains politiques en France voudraient s'inspirer de ce modèle pour les chaînes du groupe France Télévisions, Radio France et France Médias Monde.
Désormais, la BBC est présente dans tous les formats : radio, télévision et écrit - à la fois internet et des magazines papier. On y privilégie désormais la « synergie », comme on dit, de certaines personnalités sur plusieurs antennes. À la fois pour des raisons de budgets restreints et de volonté de « stariser » certains journalistes. C’est un reportage à Londres de Marie Billon.
Et ailleurs en Europe ?
La réforme – voire le bouleversement – de la nature même de l’audiovisuel public, c’est un débat qui a lieu désormais dans plusieurs pays d’Europe, et tout particulièrement dans ceux qui sont gouvernés par l’extrême-droite. Notamment en Italie, où la RAI est carrément qualifiée de « Telemeloni » par l’opposition, explique Juliette Gheerbrant.
La reprise en main de la RAI est justifiée par le gouvernement comme un rééquilibrage. Il faut dire que le groupe, qui emploie 1 700 journalistes, a une forme très particulière : en 1975, une réforme a institué une sorte de partage politique des grandes chaînes, via la nomination de leur direction, entre la démocratie-chrétienne, les sociaux-démocrates et, plus tard, les communistes. Mais cela ne concernait ni le MSI, de l’extrême-droite néofasciste, ni son successeur l’Alliance nationale, ces mouvements étant exclus, jusqu’à récemment, de ce que les Italiens appellent « l’arc constitutionnel ».
Depuis son arrivée au pouvoir, Giorgia Meloni a ouvertement poussé le patron de la RAI à la démission, pour le remplacer par un proche. Le gouvernement a réduit la redevance et envisage de la supprimer, ce que dénonce la Fédération nationale des journalistes, qui estime que la RAI va, soit devoir réduire ses effectifs, soit devenir un porte-parole du gouvernement pour recevoir les fonds manquants.
Et plusieurs cas de censure ont fait du bruit dans le pays, comme celui du 25 avril, fête de la Libération, où l’écrivain Antonio Scurati devait lire un monologue à la RAI. Or, l’intervention a été déprogrammée. Des « raisons éditoriales » ont été invoquées. Son texte dénonçait l’incapacité de l’extrême-droite au pouvoir à se rallier à la tradition antifasciste.
D'après nos confrères de Politico, le rapport annuel de la Commission européenne sur le respect de l'État de droit dénonce une restriction de la liberté de la presse en Italie. L'année précédente déjà, la commission avait souligné le fait que la loi italienne sur la diffamation était de plus en plus utilisée pour s'en prendre aux journalistes.
Mais toujours d'après Politico, Ursula von der Leyen retarde la publication de ce rapport jusqu'à ce que les nominations à la tête des institutions européennes soient terminées... au risque de laisser voir une motivation politique à ce retard, la présidente de la Commission étant favorable à un rapprochement du centre-droit avec Giorgia Meloni.
S’agissant de la Hongrie – elle aussi régulièrement épinglée par la Commission – son Premier ministre, Viktor Orban, est inclus dans la liste des « prédateurs de la liberté de la presse » de Reporters sans frontières.
Le groupe public hongrois MTVA qui comprend une petite dizaine de télés, sept stations de radio, une agence et des médias en ligne, a été mis aux ordres et les chaînes d’informations sont devenues des agences de communication gouvernementale, des outils de propagande. En 2018, dans le cadre d’un grand mouvement de protestation contre une loi sur le droit du travail, manifestants et députés d’opposition s'étaient d'ailleurs retrouvés devant le siège de MTVA pour dénoncer le manque d’indépendance et d’objectivité de ces médias, et rappeler au gouvernement, je cite, que « MTVA n’est pas la télé du Fidesz mais celle des Hongrois, financée par leurs impôts ».
Par ailleurs, le secteur médiatique privé aussi est largement sous contrôle. La plupart des médias privés ont été rachetés par des entités proches du Fidesz. Certains ont fini par fermer ou ont été interdits d’antenne, comme Klubradio, la dernière grande radio indépendante, en 2021. Le gouvernement met aussi la pression sur le marché publicitaire, par l'attribution de la publicité de l’État et des organismes publics uniquement aux médias qui plaisent au pouvoir.
Enfin, en Slovaquie, un projet de loi adopté par le gouvernement prévoit de remplacer l’actuel groupe public RTVS par un nouvel organe, STaR, dont la majorité des dirigeants seront nommés par le gouvernement. Qui augmentera son financement (qui est actuellement indexé sur un pourcentage du PIB national) à condition que STaR s’engage à produire des contenus commandés par le gouvernement. Le texte doit encore être soumis au Parlement.
« Metrolink » et « Bar Italia »
La chronique « En un mot » aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, vient du monde anglophone. Le mot, c'est « Metrolin », le nom du futur métro de Dublin… Rappelons qu’un métro pour Dublin, c'est un vieux projet, dont on parle depuis au moins 20 ans. Car la capitale irlandaise, contrairement à la plupart des capitales européennes, ne dispose pas de système de transport souterrain. Une situation qui est en passe de changer, mais non sans mal. Les explications de Clémence Pénard.
Enfin un trio de rock londonien avec un nom méditerranéen pour terminer cette émission… C’est le choix de la Chronique Musique que nous propose aujourd’hui Vincent Théval.
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