Au nord-est du Nigeria, une timide reprise économique malgré d’immenses défis sécuritaires
Publié le :
Si se déplacer est toujours risqué, la pêche a recommencé du côté nigérian du lac Tchad et certains agriculteurs ont repris le chemin de leurs terres. Un contexte difficile du fait de la présence du groupe État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) dans la région. Reportage à Maiduguri, capitale du Borno.

Toutes les semaines, Danladi prend la route à bord de son minibus pour relier Maiduguri à la ville de Damaturu. Cet axe qui s'étire entre la capitale de l'État de Borno et celle de l'Adamawa est réputé pour être particulièrement dangereux.
Pourtant, le jeune conducteur de 29 ans a vu une amélioration de la sécurité ces derniers mois. « Avant, il y avait de vrais problèmes le long de cette route, mais la situation est meilleure aujourd'hui. Il y a un an, j'ai été intercepté et emmené dans la brousse par des éléments de Boko Haram, raconte-t-il. Ils ont fini par me relâcher, mais pas les deux passagers que je transportais. On ne les a jamais revus. Moi, je n'ai plus eu de problème depuis. »
La situation sécuritaire a évolué ces derniers mois avec la mort d'Abubakar Shekau, le chef historique de Boko Haram, au mois de mai. La faction du groupe jihadiste affiliée à l'organisation État islamique est désormais largement dominante dans la région et elle cible plutôt l'armée. L’Iswap aussi impose des taxes aux pêcheurs et agriculteurs dans les zones sous contrôle.
« Les activités de pêche avaient été suspendues, car Boko Haram avait pris le contrôle de tous les villages autour du lac Tchad et qu'il n'y avait plus aucun pêcheur là-bas, explique Mu'azu Issa, secrétaire de l'association des producteurs et vendeurs de poisson de l'État de Borno. La situation s’est améliorée. Il y a moins d'attaques, les insurgés ne tuent plus comme avant. L'armée autorise l'accès au lac à des endroits précis. Dans ces zones, on peut pêcher et vendre notre poisson sans problème, sous la surveillance des forces de sécurité. »
Fermer les camps de déplacés, une décision controversée
Pour relancer l'activité économique et l'agriculture, le gouverneur de l'État de Borno a décidé de vider les camps de déplacés qui abritent plus de 200 000 personnes autour de Maiduguri.
Cette décision est très controversée même s'il est vrai que les attaques contre les paysans ont un peu diminué, selon Alhassan Cissé, de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture : « Selon le ministère fédéral de l’Agriculture et du Développement rural, les terres cultivées à travers les États de Borno, Adamawa et Obe ont augmenté de 5% par rapport à 2020. »
Mais pour les ONG, la décision de renvoyer ces populations vulnérables sur leurs terres d'origine risque d'accroître l'insécurité alimentaire, qui touche 4,5 millions de personnes dans les trois États du nord-est du Nigeria.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne