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Renforcer les liens économiques Afrique-Europe, mais pas à n’importe quel prix [3/5]

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Les 17 et 18 février prochain, l’Union européenne invite les dirigeants africains à un sommet consacré aux relations commerciales. L’Europe, premier partenaire du continent, entend renforcer ses liens avec l’Afrique. Les dirigeants d’entreprises africains y sont favorables, mais pas à n’importe quel prix.

Les patrons africains sont à la fois soucieux de protéger leurs marchés contre une concurrence débridée et heureux de voir les technologies et les savoir-faire européens devenir plus accessibles.
Les patrons africains sont à la fois soucieux de protéger leurs marchés contre une concurrence débridée et heureux de voir les technologies et les savoir-faire européens devenir plus accessibles. © Shutterstock/Ollyy
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Pour Saloua Karkri Belkeziz, l’avenir économique de l’Europe, c’est l’Afrique. Cette dirigeante d’entreprise qui est aussi vice-présidente de l’Association marocaine des exportateurs, salue tout ce qui peut améliorer les échanges entre les deux continents. 

Ce sommet est une bonne occasion pour revoir le modèle de partenariat Europe-Afrique, qui devrait être basé sur plus de solidarité et plus de confiance dans les capacités respectives. D’autant plus que nous sommes assez complémentaires. L’Afrique possède la jeunesse et les matières premières, tandis que l’Europe possède la technologie et la démocratie. La réussite d’un continent ne peut pas se faire sans la réussite de l’autre. 

Le cas particulier du Maroc

Dans cette relation Europe-Afrique, le Maroc est un cas particulier, puisque le pays possède depuis 2008 un « statut avancé » au niveau commercial. Depuis, le Maroc a vu les entreprises européennes venir investir massivement. Mais il a fallu au royaume faire un effort considérable d’adaptation juridique.  

« On a joué le jeu. Moi, je me souviens quand j’étais députée, on a beaucoup rendu conforme notre réglementation. Par exemple, dans le domaine de la protection des données personnelles. On a mis en place les outils qu’il faut », explique Saloua Karkri Belkeziz.

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L'importance d'un rapport de force équilibré

Aujourd’hui, les entreprises marocaines sont outillées pour travailler avec l’Europe, voire même en Europe. La réglementation des changes vient d’être assouplie pour permettre aux Marocains d’investir davantage à l’étranger. Mais l’Afrique n’est pas entièrement à l’image du royaume chérifien.

Au Togo, Thierry Awesso, PDG du groupe d’oléagineux Nioto, et vice-président du patronat local, compte sur la zone de libre échange africaine, la Zlecaf pour contrebalancer les effets pervers de la concurrence européenne. 

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Cette inquiétude est réelle et c’est la raison pour laquelle nous devons renforcer la Zlecaf, pour protéger les plus vulnérables, et faire en sorte que lorsque les gros groupes s’installent sur nos territoires, tiennent compte d’un écosystème qu’ils ne doivent pas briser. Car nous avons nos habitudes, nos artisans et un écosystème que nous devons protéger. Il ne faut surtout pas dénaturer nos équilibres mais les adapter pour faire face à l’adversité. 

Les patrons africains sont à la fois soucieux de protéger leurs marchés contre une concurrence débridée et heureux de voir les technologies et les savoir-faire européens devenir plus accessibles. Mais ils n’ignorent pas que dans une discussion commerciale, le plus important est d’établir un rapport de force équilibré. En ce domaine, c’est l’union des pays africains qui fera leur force.

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