Les studios de jeux vidéo africains cherchent à monétiser leurs productions (2/2)
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Plusieurs studios de jeux vidéo africains se sont regroupés au sein du PAGG, le Pan Africa Gaming Group, afin de développer et d’harmoniser le secteur sur le continent. Et l'un des problèmes à résoudre pour ces studios, c'est la monétisation des jeux, sachant que les magasins en ligne américains, ceux d'Apple et de Google sont inopérants pour les paiements africains. Les studios doivent se battre pour mettre en place des solutions alternatives.

En Afrique vendre un jeu vidéo est bien plus compliqué que de le développer. Les obstacles sont nombreux et les créateurs sont à la recherche du bon système de paiement. La solution pourrait venir des opérateurs télécom, les telcos, qui utilisent le mobile money. Mais d’un pays à l’autre, l’harmonisation n’est pas simple, comme l’explique Olivier Madiba, fondateur du studio camerounais Kiro'o Games.
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« On n’arrive même pas à faire des transferts facilement entre le Cameroun et la Côte d’Ivoire, car il y a des guéguerres de banques et de telcos derrière. Donc, nous à Kiro'o on a pris le problème de l’autre côté. Actuellement, explique Olivier Madiba, il y a des compagnies qui sont en train de créer des agrégateurs par région, par exemple vous avez " flutter wave " (agrégateur de paiement nigérian NDLR) qui nous permet d’accéder à dix pays où ils mutualisent les telcos. On va donc s’appuyer sur ce modèle-là. Cela nous permet d’éviter le combat d’aller un telco à la fois. On tombe sur un agrégateur, on travaille avec lui et on intègre sa solution. »
Teddy Kossoko fondateur de Masseka Games a pour sa part pris le taureau par les cornes. Puisque les développeurs ne peuvent pas monétiser leurs jeux via les boutiques d’Apple et de Google autant en créer une.
Un paiement ouvert à toute l'Afrique
« Nous, ce que l’on a décidé de faire, c’est de développer l’équivalent d’un "Google Play Store" , qui va s’appuyer sur les solutions de paiement que possèdent Orange, MTN et d’autres. Grâce à cela, précise Teddy Kossoko, un créateur de contenus au Mali va vendre son contenu au Kenya. Et grâce à Mpensa (le paiement mobile kenyan NDLR), on va réussir à faire acheter le jeu à un Kenyan et ensuite renvoyer l’argent au Malien. »
Cette boutique est encore en phase de développement. Et son ambition est d’être ouverte à tous les pays africains et donc à toutes les monnaies, ce qui est un vrai défi en termes de réglementation et de fiscalité, selon Teddy Kossoko.
« En gros, une fois que l’argent sort du portefeuille du client, à la fin du processus, l’argent se retrouve sur un compte bancaire. Et ce qui se passe, c’est que l’on a fait le choix de ne pas déplacer l’argent entre les pays africains. Si quelqu’un au Sénégal a généré de l’argent en Afrique du Sud, on va prendre l’argent dans la zone Cédéao pour le payer. À la fin du mois, on va rééquilibrer les flux pour compenser l’argent déplacé d’une zone (monétaire, NDLR) à une autre. »
Les industriels du jeu vidéo comptent sur la nouvelle alliance qu’ils viennent de créer, le Panafrican Gaming Group, pour accélérer la révolution du paiement à l’échelle du continent.
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