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Guinée: les apprentis des «school bus»

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Ce sont les petites mains du transport longue distance en Guinée. Ils ont à peine la vingtaine : les apprentis chauffeurs traversent tout le pays à bord de leur school bus. Dans ces véhicules importés d’Amérique du Nord et modifiés pour résister aux routes guinéennes, ils passent tout leur temps. Jamais, au grand jamais, ils ne doivent quitter leur poste de travail.

Les bus scolaires américains sont utilisés en Guinée car ils sont réputés pour être résistants.
Les bus scolaires américains sont utilisés en Guinée car ils sont réputés pour être résistants. © CC0 Unsplash/Thomas Park
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De notre correspondant à Conakry,

Visage juvénile, fatigué, Aboubacar Camara se réveille à peine de sa sieste, après un long voyage qui a duré plus de vingt heures. « On est arrivé ce matin à 7 heures. On venait de Kérouané », explique-t-il. Kérouané, c’est une ville du sud-est de la Guinée, située à 800 kilomètres de la capitale. « Il y a deux chauffeurs et trois apprentis. L’apprenti, il doit surveiller les bagages des passagers qui sont dans le véhicule », poursuit Aboubacar Camara.

Depuis 2 ans, il voyage partout, arpente le pays dans toutes les directions. Il ne fait pas ça pour l’argent – il est payé seulement 15-20 euros par voyage –, ce qu’il veut, c’est pouvoir un jour conduire un bus lui-même. L’un de ces school bus importés d’Amérique et qui sont, ce jour-là, alignés les uns à côté des autres sur le parking boueux de la gare routière de Conakry.

► À écouter aussi : Guinée: pas de retraite pour les bus scolaires américains

Interdiction de quitter le véhicule

« On préfère utiliser les bus américains parce qu’ils sont très résistants. On met deux personnes par banquette. » Il y a 44 places et un moteur rugissant. Barry Béavogui s’est installé au volant. Ce forestier de 22 ans connaît ces bus par cœur. « C’est très résistant comme bus. Il peut durer des années. Le moteur est protégé, le radiateur aussi. Ce n’est pas d’origine, c’est nous qui modifions le véhicule dans notre garage de Matoto », souligne Barry Béavogui.

Dans ce quartier de Conakry, des mécaniciens ajoutent des barres d’acier, des plaques pour permettre au véhicule de résister aux routes déglinguées de la Guinée. Les apprentis ont l’interdiction de quitter le véhicule. « C’est ici qu’on passe la nuit, car je ne peux pas laisser le bus et rentrer à la maison. Il y a la batterie, des pièces que je ne peux pas laisser comme ça sans surveillance. »

Encore quelques jours de calme et d’ennui pour les apprentis chauffeurs avant un nouveau départ. Tôt le matin, les jeunes hommes seront sur le pont, le véhicule s’ébranlera en direction de l’intérieur du pays.

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