Le premier congrès africain du bambou et du rotin s’est tenu fin avril à Yaoundé, au Cameroun. Une matière première de plus en plus utilisée dans les objets du quotidien, en remplacement du plastique, en Europe, aux États-Unis. L’Asie est en tête des producteurs de bambou. Mais l’intérêt touche également l'Afrique où la filière est porteuse d’espoir pour certains entrepreneurs.

« L’intérêt pour le bambou au Cameroun a pris vraiment de l’ampleur. Le bambou est en train de se positionner comme une ressource qui prend de la valeur et qui peut créer de l’emploi pour les Camerounais. »
Justin Kamga est le coordonnateur de Foder, Forêts et développement rural, une association environnementale camerounaise. Il assure que la dynamique est lancée. En 2016, le ministère des Eaux et Forêts interdit alors l’usage des perches de bois, notamment pour les échafaudages de construction. Il faut trouver des alternatives, le bambou en est une. Depuis, le Foder défend le développement de cette filière.
« À notre niveau, nous avons travaillé avec plus de 2 000 personnes, dont plus de 800 femmes sur l’utilisation du bambou. Ce sont des artisans, des pépiniéristes, des agriculteurs, précisele coordonnateur de Foder. C’est pratiquement toute une chaîne de la filière que nous sommes en train de développer, ajoute Justin Kamga. Cela va permettre à des Camerounais de se positionner et d’y trouver son compte. »
L’interprofession bambou du Cameroun estime que cette plante et ses dérivés pourraient rapporter 600 milliards de francs CFA au pays : « Donc vous comprenez bien que c’est une filière d’avenir. ». L’Organisation internationale pour le bambou et le rotin (Inbar) estime qu’en 2021 plus de 7 millions d’hectares de bambou ont été cultivés sur le continent.
Plusieurs pays d’Afrique se sont lancés dans le développement de la filière. Parmi les plus connus, le Ghana avec son désormais célèbre de vélos en bambou. Mais aussi Madagascar. « Les potentiels d’utilisation sont : un, le bois énergie, le charbon à base de bambou ; deux, le bambou pour la filtration de l’eau et enfin troisième point pour les échafaudages », note Tahiana Ramananantoandro, enseignante-chercheuse en science du bois à l’École supérieure des sciences agronomiques d’Antananarivo.
Le bambou est déjà très utilisé dans l’artisanat local. Mais la chercheuse estime qu’il est possible d’aller plus loin : « Au niveau propriété physique et mécanique, le bambou a vraiment de très bonnes propriétés proches des eucalyptus et des palissandres que l’on a caractérisés. L’important, c'est de savoir le valoriser, d’avoir des compétences pour la transformation des outils. »
Si certaines organisations comme Foder s’intéressent au bambou, c’est parce qu’il présente également des aspects écologiques intéressants : en termes de séquestration de carbone, de filtration de l’eau ou encore de capacité de stabilisation des sols.
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