La transformation des minerais au cœur des débats au Forum Mining Indaba
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L’Afrique ne veut plus seulement être une zone d’extraction de minerais, elle entend le transformer sur place pour vendre une production à plus grande valeur ajoutée. Début avril, Mamadi Doumbouya, le président guinéen de la Transition, ordonnait aux entreprises qui exploitent la bauxite de le raffiner sur place. Elles ont jusqu’à la fin du mois de mai pour dévoiler leur stratégie. Mais la mise en place d’une filière intégrée prend du temps et fait face à de nombreux défis.

De notre correspondant à Johannesburg,
La bauxite extraite dans les mines guinéennes de l’entreprise Guinea Alumina Corporation (GAC) est exportée vers le Canada. Le groupe ne s’oppose pas à la transformation sur place de la bauxite pour en tirer de l’alumine, nécessaire à la fabrication de l’aluminium, mais encore faut-il en avoir les moyens, développe Martin Simard, son porte-parole :
« Tous les pays dans le monde veulent profiter de la première transformation et de la seconde transformation, c’est normal. Dans le cas de la Guinée, il y a des conditions qui doivent être réunies. Pour faire une raffinerie d’alumine, ça prend énormément d’électricité. La pression sociale et internationale, c’est d’utiliser de l’énergie propre. Par exemple, BMW ne va jamais acheter d’aluminium d’un autre qui provient d’un endroit où l’on a pollué l’environnement. Donc la pression est énorme. Il faut faire les choses correctement. »
La Guinée pourrait miser sur ses ressources hydroélectriques pour produire une électricité décarbonée. Mais il faut aussi que cette électricité soit bon marché pour que les entreprises restent compétitives. Au Burkina Faso, l’idée de transformer sur place fait son chemin, mais il n’est pas question de forcer la main des entreprises, selon Moïse Ouedraogo, secrétaire général du ministère des Mines et des Carrières : « Ce n’est pas un secret : exporter les matériaux bruts ce n’est pas intéressant pour nous. Il faut que nous puissions ajouter un peu plus de valeur. Donc si nous pouvons le faire, pourquoi pas ? Mais on le fera en partenariat et de manière douce. »
Au Ghana, la filière intégrée de l’aluminium est en développement depuis 2018 avec la création de la Giadec (Ghana Integrated Aluminium Development Corporation). Cet organisme gouvernemental cherche des investisseurs pour financer l’ouverture de trois nouvelles mines, construire au moins deux raffineries et moderniser une fonderie. Les retombées économiques seraient très importantes, calcule Micheal Ansah, le PDG de la Giadec :
« La bauxite se vend environ 40 dollars la tonne, l’alumine se vend 400 dollars et l’aluminium se vend autour de 3 000 dollars la tonne, donc la valeur ajoutée est très importante. Ensuite, si cet aluminium est transformé par vos entreprises locales, comme l’industrie du câble, le bâtiment, l’industrie automobile, les pièces détachées, etc. Là encore, vous multipliez sa valeur. »
Avec la filière intégrée de l’aluminium, ce sont des milliers d’emplois qui sont en jeu. Maintenant que les pays ont tous la même idée, il leur reste à se démarquer.
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