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Maurice: les banques centrales d'Afrique appelées à développer leur culture numérique

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La révolution numérique dans le secteur bancaire est à la portée de l’Afrique, estiment des experts et des décideurs du continent réunis pendant deux jours à Maurice. Les 22 pays africains ont discuté de la meilleure stratégie à adopter. Ils ont appelé les banques centrales à jouer pleinement leur rôle dans le nouvel écosystème de monnaie numérique.

La Banque de Maurice, au centre, est le plus haut bâtiment à l'île Maurice.
La Banque de Maurice, au centre, est le plus haut bâtiment à l'île Maurice. Thierry/CC/Wikimedia Commons
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L’exemple de la Centrafrique, avec que 9% de la population qui utilisent un ordinateur, a illustré la fracture qui existe non seulement entre l’Afrique et le reste du monde, mais aussi entre les pays du continent. Ce retard qui freine les activités des opérateurs bancaires se réduit aujourd’hui grâce aux services mobiles.

Le ministre centrafricain des Finances, Hervé Ndoba, a par exemple plaidé pour un accompagnement des banques centrales à ces nouvelles pratiques. « La banque a tout son rôle à jouer pour les questions de régulations, de moyens de paiement, etc. Tout cela doit se faire dans un cadre normatif et réglementaire. »

Grâce aux technologies mobiles, la Centrafrique, explique Hervé Ndoba, a engagé de nombreuses initiatives nationales et locales, notamment le paiement des salaires des fonctionnaires via mobile parce que géographiquement éloignés des banques. « Ce sont des solutions que le gouvernement met en œuvre, qui s’appuient également sur tous les sujets d’inclusion financière que développe en ce moment notre banque centrale », assure le ministre des Finances.

Durant cette réunion organisée à l'initiative de la Banque de Maurice et de l’Agence d’investissement du pays, les intervenants ont appelé à ce que les banques centrales fassent preuve d’agilité et prennent les devants pour éviter des pratiques sans réglementation. Ce défi est d’autant plus grand que la cryptomonnaie a été adoptée en Centrafrique.

Le bitcoin n’est pas vu d’un bon œil à Yaoundé parce qu’une monnaie décentralisée représente une menace à la souveraineté des États, a soutenu Gilbert Didier Edoa, secrétaire général au ministère des Finances du Cameroun, même s’il prône une ouverture d’esprit face aux cryptomonnaies : « C’est la technologie derrière la monnaie qu’il faut plutôt saisir, et bien évidemment tirer avantage de ce besoin qui s’exprime. »

À Maurice, faute d’une hiérarchie expérimentée et rompue aux nouvelles technologies, la banque centrale est perçue par banques commerciales comme un frein au développement d’un nouvel écosystème bancaire. Bank of Mauritius ne manque pas cependant d’ambition avec son projet d’une monnaie fiduciaire numérique, selon Ganessen Chinnappen, membre de la Banque de Maurice : « Nous présenterons bientôt une feuille de route stratégique pour l’introduire dans l’économie de Maurice. Je pense que c’est une opportunité dans tous les secteurs du pays ».

Selon la Mauritius Bankers Association, la plus grosse part des bénéfices des 19 banques mauriciennes vient de l’étranger. Celles-ci espèrent que la numérisation des activités bancaires sur le continent viendra régler la question dite de transmissibilité et d’interopérabilité des devises.

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