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Maurice veut diversifier l’usage de la canne à sucre

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Production d’énergie, de biocarburant, sucres spéciaux : à Maurice, les grands usiniers de la canne à sucre ont innové pour utiliser pleinement le potentiel de cette ressource.

Rajiv Ramlugon, directeur développement durable chez Omnicane, groupe cannier qui a su se réinventer pour faire face à la volatilité du prix du sucre.
Rajiv Ramlugon, directeur développement durable chez Omnicane, groupe cannier qui a su se réinventer pour faire face à la volatilité du prix du sucre. © RFI/Alexis Bedu
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En 2009 sur Maurice, les usines ne produisaient que du sucre roux. Mais cette même année, la fin du protocole sucre signée avec l’Union européenne et qui garantissait une stabilité des revenus va obliger les industriels à se diversifier.

« Ce que vous voyez là, c’est le cordon ombilical entre l’usine sucrière et la centrale thermique… », explique Rajiv Ramlugon, directeur du développement durable chez Omnicane. Il est devant la centrale du groupe agro-industriel qui produit de l’énergie grâce à la bagasse de canne. Il s’agit du résidu fibreux restant, une fois le sucre extrait. Pendant les six mois de la période de coupe, cette bagasse est brûlée pour produire de l’électricité.

« Cette centrale produit environ 18% de la consommation énergétique de l’île. Dans le passé, dans le jargon mauricien quand on disait à quelqu’un : “Tu es de la bagasse” cela voulait dire qu’il était inutile ! Aujourd’hui ce n’est plus le cas parce que la bagasse a retrouvé toute son importance, toute sa valeur pour la production d’énergie et pour lutter contre le réchauffement climatique. », affirme le directeur d'Omnicane.

Des variétés de sucre différentes

La mélasse de sucre est également transformée en bioéthanol. Zéro gaspillage et innovation. Le groupe développe désormais des variétés de sucre différentes. Jean-Luc Caboche est directeur de la sucrerie : « L’idée, c’est de ne plus exporter le sucre roux, mais de le convertir en blanc avec une plus forte valeur ajoutée et d’exporter ce blanc. Nous misons aussi sur nos innovations comme ce sucre à faible glycémie et aussi un sucre antioxydant ».

► À lire ou à écouter : L'île Maurice perd ses petits producteurs de canne à sucre

Autre diversification. Sur ses 15 000 hectares de foncier, Alteo, numéro un mauricien de la production de sucre a engagé des projets immobiliers. Un repositionnement stratégique qui ne met pas en péril l’avenir de la canne, selon Fabien de Marassé Enouf PDG d’Alteo.

« Effectivement, les acteurs qui se retrouvent aujourd’hui dans le domaine de l’hôtellerie, des services, ou du textile étaient à la base des sucriers qui ont su se diversifier avec le développement de l’île, détaille-t-il. C’était plus une réalité économique. Certaines terres marginales ne sont plus cultivables, le coût d’entretien et de récolte de ses champs n’avait plus de sens. C’est vraiment quelque chose de générationnel aussi chez certains planteurs ».

Les surfaces sous canne se réduisent, laissant aussi la place à d’autres cultures de maraichages, car avec 80% d’importation, l’île cherche de plus en plus à sécuriser sa souveraineté alimentaire.

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