L'île Maurice perd ses petits producteurs de canne à sucre
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Culture historique du pays, la canne à sucre fait face aujourd’hui à des baisses de production. Plus assez rentables, les petits planteurs abandonnent de plus en plus leurs terres agricoles.

Chaque année, l’île Maurice perd 1 000 hectares de cultures de canne. Krepaloo Sunghoon est président de l’association des Petits Planteurs, ceux qui produisent moins de 60 tonnes de sucre par an et qui ne voient plus l’argent rentrer. « Le coût pour produire une tonne de canne, c’est de 2 350 roupies, explique-t-il. Or aujourd’hui le paiement total qui est fait au planteur, c’est environ 1 700 roupies. Ça veut dire qu’il paye plus de 500 roupies de sa poche. Ce n’est pas correct. Je ne peux pas mettre mon argent pour produire la canne du pays, et ne même pas recevoir ce que j’ai mis dans la production. »
Pas assez payés et pas assez encouragés, les jeunes ne reprennent pas les terres familiales et préfèrent vendre ou laisser en friche. 13 000 hectares sont aujourd’hui abandonnés. Une conséquence également des fluctuations du prix du sucre sur le marché, selon Jean-Luc Caboche, directeur de la sucrerie du groupe agro-industriel Omnicane.
« On voit cette tendance depuis quelques années avec le prix du sucre qui était très faible, expose-t-il. Les planteurs se sont tournés vers d’autres activités, certains ont laissé leurs champs à l’abandon, d’autres ont fait construire dessus. Le challenge pour nous, c’est de faire revenir les planteurs qui ont abandonné, en leur expliquant notamment que les prix du sucre sont bien remontés. Ça devrait en inciter certains à retourner à cette activité »
Un manque de vision du gouvernement mauricien pour l’avenir de la canne ?
De son côté, Satish Purmessur, directeur de l'Autorité de l'industrie cannière de Maurice, avance les subventions et mesures prises par le gouvernement pour relancer la culture de la canne chez les petits planteurs. « Les coûts des fertilisants ont augmenté, il y a désormais une subvention du gouvernement qui prend en charge la moitié du prix de ces fertilisants, atteste le directeur. Le gouvernement donne également 50 000 roupies par arpents aux petits planteurs et le prix est maintenu à 25 000 roupies par tonne de sucre. »
Des mesures-pansements qui n’effacent pas le principal problème selon Krepaloo Sunghoon : un manque de vision du gouvernement mauricien pour l’avenir de la canne. « C’est au gouvernement de fixer quelle superficie de canne nous devons garder, quelle quantité de sucre, nous allons produire… La solution est là, mais il y a cette opportunité de faire des sous beaucoup plus vite dans les autres secteurs que dans la canne », affirme le président des Petits Planteurs.
Il y a 15 ans, 30 000 petits planteurs travaillaient la canne à sucre sur Maurice, ils sont presque trois fois moins aujourd’hui.
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