Décarbonner le secteur maritime en Afrique, une opération coûteuse mais vecteur d'opportunités [2/2]
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Au cœur de nos modes de commerce, le secteur maritime est cependant le deuxième le plus émetteur d’émissions de gaz à effet de serre. Évalué à 25% du total mondial des émissions, le secteur maritime se positionne juste derrière le secteur de l’énergie et devant l’industrie. Il est donc essentiel pour ce secteur de revoir sa copie. Le continent africain, touché de plein fouet par le changement climatique, mais également au cœur des échanges commerciaux maritimes, est particulièrement concerné. Décarbonner le secteur a un coût, mais il est aussi vecteur d’opportunités.

Les États africains et insulaires, en première ligne du changement climatique, pointent néanmoins le difficile financement de la décarbonation du secteur maritime. Cependant, certains veulent y voir une opportunité, comme Numbu Issahaque Sumabe de l’autorité maritime du Ghana
« Nous aurons ainsi des infrastructures portuaires résilientes qui pourront résister au temps et qui seront plus compétitives. Le fait que nous soyons stratégiquement situés au sein des grandes routes maritimes, nous incite à investir dans la décarbonation. Car nous pouvons nous positionner pour bénéficier d'emplois liés aux énergies renouvelables, et aussi devenir une plateforme bancaire dans la sous-région. »
Organiser des filières
De son côté, le secteur privé n’est pas en reste. Car si les grandes compagnies comme Maersk se tournent par exemple vers les biocarburants, il faut toutefois être en mesure d’assurer les approvisionnements. Il faut donc organiser des filières. C’est ce qu’explique Thomas Theeuwes, le directeur de Maersk pour l’Afrique centrale et de l’Ouest.
« C'est bien sûr le grand défi auquel nous sommes confrontés. Et c'est sur cela que nous travaillons très dur. Nous privilégions donc les carburants verts dont la production peut être développée. Nous travaillons avec un grand nombre d'acteurs du secteur qui peuvent accélérer leurs activités pour atteindre nos objectifs nets zéro. Nous avons des partenaires dont nous minimisons les risques d’investissements par notre intention d'acheter leur carburant. Il s'agit donc vraiment de travailler avec les partenaires en écosystème. »
« Le consommateur final cherche une transparence, une authenticité, une très forte décarbonatation »
TOWT est une petite entreprise bretonne qui fait du fret avec des bateaux à voile, notamment vers la Côte d'Ivoire. À l’abri de la hausse des coûts de carburants et capable d’appareiller sur tout type de terminaux. Elle travaille déjà avec de grandes marques et mise sur la valeur ajoutée aux marchandises transportées, détaille Guillaume Le Grand, le directeur.
« Il est intéressant de ramener des cacaos d'exception, des cafés d'exception parce que le consommateur final cherche une transparence, une authenticité, une très forte décarbonatation. On fournit un label qui s'appelle Anemos qui permet de retrouver ce journal de bord. Et il y a des opérateurs économiques, importateurs qui cherchent à réduire l'impact négatif de leur activité économique et qui peuvent alors trouver un siège de valeur dans ce label à l'import sur la Côte d'Ivoire. »
Si les philosophies divergent, les acteurs s’accordent sur la nécessité de développer les écosystèmes pour créer des corridors maritimes verts du départ à l’arrivée des marchandises.
À lire aussi : Le secteur maritime en Afrique en quête de décarbonation [1/2]
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