Sénégal: après les violences, l'inquiétude des acteurs du tourisme à Saly
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Au Sénégal, les acteurs économiques déplorent les conséquences de la crise politique en cours sur les activités du pays. Le secteur du tourisme s’en inquiète particulièrement. Alors que les vacances scolaires estivales approchent, l’envoyé spécial de RFI au Sénégal s’est rendu à Saly, cité balnéaire de la petite côte, à 85 kilomètres au sud de Dakar.

De notre envoyé spécial à Saly,
Saly est réputée pour ses plages de sable fin et ses pirogues de pêcheurs colorées. Au restaurant La cigale et la fourmi, on mange du poisson grillé et des crustacés en regardant la mer.
Mais son propriétaire, Massamba Gnieng, craint de ne pas avoir le cœur à chanter tout l’été. « Avec les événements, il y a pas mal de gens qui ont annulé leur vol. Heureusement que les Allemands sont passés pendant la basse saison, mais sinon en pleine saison, ça allait tout gâcher. Quand il n’y a pas la paix, on ne peut pas travailler et c’est toujours comme ça. » Il craint que, si la situation dure, cela dissuade les touristes de venir. « Le risque, c’est qu’on ne voit plus de touristes », insiste-t-il.
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« On n’avait pas besoin de ça... »
C’est surtout en décembre que Saly fait le plein, mais la période estivale est toujours un moment d’affluence. Cette année pourtant, les perspectives s’assombrissent.
Laurent Pichon tient l’Auberge Le Baobab. « Pour l’auberge, nous avons beaucoup d’annulations. C’est 50, 60 % en moins. Et on n’a rien comme réservation. » D’habitude à cette période de l’année, les réservations foisonnent. « Pour juillet et août en principe oui, on est presque complet. Et là on n’a rien. Après le Covid-19, après tout ça, on n’avait pas besoin de ça. »
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Laurent Pichon ne sait pas si les choses peuvent s’inverser d’ici l’été. Comme tout le monde, il est suspendu aux annonces à venir – quelles qu’elles soient –, du président Macky Sall. « On attend, c’est compliqué, mais on ne peut rien faire d’autre. »
« On ne peut pas dire qu’on est optimiste... »
Du nombre de touristes qui rempliront les hôtels dépend de l’affluence dans les restaurants, et les participations aux excursions alentour. En dépendent aussi les activités de tous les travailleurs de Saly.
Djibril Cissé et Marceline Mireille vendent respectivement du café et des fruits en bord de route. « Beaucoup d’activités sont freinées et les gens le sentent. Même nous qui faisons les petites activités, on le sent », dit Djibril Cissé.
À la question de savoir s’il est optimiste ou pessimiste avec l’été qui arrive, le vendeur est catégorique : « On ne peut pas dire qu’on est optimiste, parce qu’avec la situation du pays, on ne peut pas savoir. Si les jeunes politiques arrivent à apaiser la tension, peut-être que tout se relancera, mais si les touristes viennent moins nombreux cet été, cela aura un impact dans tous les ménages. » Quant à Marceline Mireille, elle ne cache pas son inquiétude : « On s’inquiète pour ça, parce qu'il n’y aura pas de client, ça va être très difficile pour nous. Nous, on vit avec ça. Le paiement de logements, l’école de ma fille... »
Dans un communiqué diffusé le 13 juin, le ministère sénégalais du Tourisme tente de rassurer : « la sécurité des Sénégalais en général, des étrangers et des touristes en particulier, est au cœur du dispositif de sécurité », « le Sénégal reste une destination touristique sûre. »
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