Tunisie: l'agroforesterie, une solution à la sécheresse?
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En Tunisie, dans les zones agricoles du nord-ouest, d'année en année, les périodes de sécheresse se font de plus en plus longues. D'après les syndicats agricoles, la récolte des céréales a baissé de plus de moitié cette année, alors que le thermomètre a frôlé les 50°C pendant plusieurs semaines. Une catastrophe, quand on sait que la Tunisie doit déjà importer une grande majorité des céréales nécessaires à sa consommation. Les agriculteurs de la région du Kef, dans le nord-ouest de la Tunisie, doivent s’adapter aux effets du changement climatique.

De notre envoyée spéciale dans le Kef,
Une association, le CAPTE Tunisie, pour le Collectif d’acteurs pour la plantation et la transition environnementale, aide les petits agriculteurs à renouer avec l’agroforesterie, une agriculture basée autour de l’arbre qui permet de planter certaines espèces résilientes à la chaleur et d’améliorer la rétention d’eau dans les sols.
Depuis le plateau de Dyr El Kef, pas un arbre à l’horizon. Seulement des champs de blé et du pâturage pour les éleveurs de bétail, pour la plupart brûlés par les dernières périodes de sécheresse. Khadija, agricultrice de 73 ans, fait d’habitude vivre sa famille avec le fruit de ses récoltes, mais elle dépend de l’irrigation pluviale. Et cette année, pas une seule goutte de pluie en novembre et avril, un moment crucial pour la croissance du blé.
« Vous savez, j’ai roulé ma bosse, raconte Khadija. Avant, c'était vraiment mieux. Tout poussait ici quelle que soit la plante. Maintenant, tout est difficile. Il n’y a pas de pluie et quand il pleut, c'est sur une trop courte durée. Cette année, nous avons passé des mois sans une goutte d'eau et ça se ressent tout de suite. On a pratiquement perdu entre 30 000 et 40 000 dinars faute d’une bonne récolte en blé. »
Une association pour promouvoir l'agroforesterie
Avec l’aide de CAPTE, une association qui soutient les agriculteurs dans leur transition écologique, elle a commencé à planter des arbres résilients face aux périodes de sécheresse. « J’ai mis un peu de tout : des oliviers, des amandiers, des noisetiers et des poiriers, atteste l'agricultrice. Et je m’en occupe bien, l’association m’a montré comment. »
Pour Édouard Jean, co-fondateur de CAPTE, cet accompagnement vise à remettre l’agroforesterie au centre des écosystèmes agricoles. « Les agriculteurs sont les principales victimes des changements climatiques, mais ce sont aussi les acteurs les plus importants pour l’adaptation au changement climatique, explique-t-il. Donc, l’agroforesterie, c’est continuer l’agriculture vivrière qu’ils ont en grande culture, mais avec la réintroduction des arbres, ce qui va permettre de ramener une tempérance climatique et limiter quand il y a trop de sécheresse et favoriser le cycle de l’eau tout en apportant un revenu complémentaire avec les bénéfices des fruits et des arbres. »
Si pour l’instant, il est encore trop tôt pour évaluer l’impact économique de ces initiatives, les agriculteurs y sont très réceptifs. « Je suis content, ça pousse bien, explique Hédi Smaili, un autre agriculteur de la zone satisfait des bienfaits des dernières plantations. Mais le vrai souci, c'est qu'on n'a plus assez de blé pour nourrir les animaux. J’aimerais bien qu’on arrive de nouveau à restaurer les pâturages. Donc si vous voulez utiliser ma terre, allez-y, je suis prêt. »
Plus d’une cinquantaine d’agriculteurs partenaires ont été aidés par l’association depuis 2017 dans les gouvernorats du nord de la Tunisie.
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