L’énergie à tout prix [3/5] Le barrage de la Renaissance, l'immense défi électrique éthiopien
Publié le :
Direction l’ouest de l’Éthiopie, dans la région du Benishangul, où le plus grand barrage d’Afrique est en cours de construction à la source du Nil Bleu. Il doit permettre au pays de doubler sa production d’électricité. Le barrage de la Renaissance est un projet à 5 milliards de dollars financé par l’argent public, à la taille du défi énergétique immense pour le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique où plus de la moitié de la population n'a pas accès à l'électricité. Le pays souhaite faciliter le financement des infrastructures énergétiques au secteur privé pour exploiter ses nombreuses ressources par l’éolien, la géothermie et le solaire.

« Nous sommes à présent sur la centrale électrique du quai droit du grand barrage de la Renaissance. Ce que vous voyez ici, c'est le tunnel qui va permettre à l’eau de passer du réservoir jusque dans la turbine en bas. Ce tunnel fait 8,9 mètres de diamètre et il peut faire passer 300 mètres cubes d’eau par seconde. Avec cette quantité d’eau, nous pouvons générer 400 mégawatts pour chaque unité. » Ephrem Woldekidan, le chef de projet adjoint sur le site, nous montre les deux turbines qui fonctionnent et les onze autres en cours d’installation.
À lire aussiL'énergie à tout prix [1/5] En Centrafrique, une deuxième centrale solaire, mais pour quelle efficacité?
D'ici à 2027, elles devront produire 5 100 mégawatts. Un chantier colossal débuté il y a 10 ans, mené avec six prestataires différents et 6 000 employés. Un défi logistique et inédit. « C’est un mégaprojet impliquant différents prestataires. Donc, tous les jours, on s'assoit autour d’une table pour discuter, coordonner les activités des différentes entreprises, gérer les interfaces et les accès. C’est une bonne expérience en termes de coordination et de gestion des difficultés », explique-t-il.
Des compétences précieuses dont le pays a besoin pour mener à bien sa production d’énergie, qui peinent à atteindre ses objectifs.
Un plus grand rôle donné au secteur privé
« Il y a quelques années, tout était financé par de l’argent public. Mais maintenant, le gouvernement veut donner un rôle plus important au secteur privé, donc c’est un changement politique. C’est nouveau que le secteur privé s’implique dans des projets d’infrastructure », précise Mehrteab Leul, avocat d’affaires et gérant de Mehrteab & Getu Advocates LLP.
Jusqu’ici, l’ouverture au privé est un échec : projets trop ambitieux, manque de compétences dans la mise en œuvre et risques trop grands pour les investisseurs.
Mais grâce à de nouvelles règles, les entreprises vont pouvoir négocier directement avec le gouvernement, sans passer par un appel d’offres concurrentiel, laborieux et chronophage. Surtout, le gouvernement a décidé de prendre en charge les risques liés à la devise éthiopienne : « C'était un des risques les plus importants et une des raisons pour lesquels les projets précédents ont échoué. Maintenant, le gouvernement éthiopien a dit qu’il voulait donner une garantie de conversion. Donc, si une entreprise française vient développer un projet énergétique en Éthiopie, il n’y a aucun risque de conversion. Quel que soit le montant généré sur le marché local, ce sera converti en euros et garanti par l’État. »
Le pays fait tout pour améliorer le cadre législatif et créer un environnement financier positif. Il devra aussi améliorer l’environnement sécuritaire dans un pays en proie à de nombreux conflits.
À écouter aussiL'énergie à tout prix [2/5] Les navires-centrales de Karpowership, des solutions d'urgence contestées
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne