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Un an de transition au Gabon: une économie en quête de confiance et de croissance

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Au Gabon, des mesures socio-économiques pour lutter contre la vie chère ont été annoncées au cours de l'année par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) – paiement d’arriérés de pension, encadrement des prix, etc. Cependant, le pays peine à lever des fonds, en raison de marchés régionaux congestionnés et de marchés internationaux réticents. Une politique socio-économique qui se veut donc ambitieuse, mais dans un cadre budgétaire contraint.

Brice Oligui Nguéma, le président du CTRI, salue lors d'un défilé militaire pour la fête de l'indépendance du Gabon à Libreville le 17 août 2024.
Brice Oligui Nguéma, le président du CTRI, salue lors d'un défilé militaire pour la fête de l'indépendance du Gabon à Libreville le 17 août 2024. © Wilfried Mbinah / AFP
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Près de 40 % de la population confrontée au chômage et un taux de pauvreté en augmentation, deux gros points noirs hérités du gouvernement Bongo. « Aujourd'hui, le gouvernement essaie de relancer l'économie. Le CTRI a donc créé des postes budgétaires dans l'armée, au niveau des secteurs de la santé et l'éducation », explique le professeur Gabriel Zomo Yebe, qui a pris la tête de la Commission économique du dialogue national inclusif. 

« Le gouvernement est évidemment conscient que ce n’est pas la fonction publique qui va résorber tout le chômage. Il va falloir pousser les jeunes gabonais à entreprendre. D'autres mesures vont suivre. Il est évident que ce n'est qu'à moyen terme que l'on peut éradiquer le chômage », poursuit-il.

Mauvaise gestion, captation privée des richesses nationales : la transition a réalisé des prises de participation dans de grandes entreprises pour couper court, assure Gabriel Zomo Yebe, aux mauvaises pratiques. « Parmi les mesures que nous avons eu à arrêter au cours du dialogue national inclusif, il y avait la réappropriation d'une partie de notre économie. Réappropriation ne veut pas dire nationaliser, insiste-t-il. C’est qu'il nous faut quand même maîtriser une petite partie de notre économie. Privilégier les entreprises qui sont sur place, les entreprises nationales. »

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« Tout le Gabon est en chantier »

Une politique de grands travaux a par ailleurs été affirmée avec la construction ou la rénovation de différentes infrastructures. « Tout le Gabon est en chantier, se réjouit le professeur d'économie. Et au moins, on a redonné confiance d'abord aux Gabonais et on redonnera confiance à tout le monde. » Redonner confiance aux investisseurs, voilà, sans doute, le plus gros défi pour le Gabon.

Sa dette pourrait atteindre près de 79 % en 2025, selon les projections du FMI. Le pays a échoué à rembourser plusieurs échéances et a vu sa note dégradée. Difficile dans ce contexte d’emprunter sur les marchés financiers internationaux. « Il y a un rapport du FMI qui suggère au Gabon de procéder à un assainissement budgétaire. L'exécutif a fait un ensemble de promesses de court terme, de changement de la vie des populations, un ensemble d'annonces d'investissements dans le secteur pétrolier », détaille Cédrick Jiongo, spécialiste de l’Afrique centrale chez Sika Finance.

Faire preuve « d'ingéniosité » 

« Je crois qu'il va falloir qu’il mise plus sur le long terme que le court terme. Qu'il amorce le processus de diversification de son économie. À côté de cela, je crois que le Gabon a un potentiel naturel qui est immense sur lequel il a souvent misé pour mobiliser de la dette. Je parle des obligations vertes », précise Cédrick Jiongo. Selon l'analyste :« C'est également un levier qu’il peut actionner pour pouvoir refinancer ses emprunts qui arrivent à échéance à partir de l'année prochaine », décrypte l'analyste. Et de conclure que le Gabon va devoir faire preuve de « beaucoup d'ingéniosité ». 

Soucieux de prouver sa bonne volonté en termes de transparence – notamment aux institutions de Bretton Woods – le CTRI a rendu public, début août, ses contrats forestiers, miniers et pétroliers. 

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