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Afrique du Sud: un secteur militaire ambitieux mais à la peine

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L’Afrique du Sud souhaite rester une force de la paix qui compte sur le continent, et le pays déploie régulièrement ses militaires. Ils sont présents actuellement au sein des missions de la SADC en RDC et au Mozambique. Mais ces déploiements sont critiqués, et les pertes en vies humaines (une dizaine en RDC cette année) sont souvent mises en parallèles avec le manque de moyens de l’armée sud-africaine sur son propre territoire.

[Image d'illustration] Des personnes se rassemblant à côté de véhicules de la Force de défense nationale sud-africaine (SANDF) dans le cadre de la mission de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) alors qu'ils fuient le territoire de Masisi à la suite d'affrontements entre les rebelles du M23 et les forces gouvernementales, sur une route près de Sake le 7 février 2024.
[Image d'illustration] Des personnes se rassemblant à côté de véhicules de la Force de défense nationale sud-africaine (SANDF) dans le cadre de la mission de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) alors qu'ils fuient le territoire de Masisi à la suite d'affrontements entre les rebelles du M23 et les forces gouvernementales, sur une route près de Sake le 7 février 2024. AFP - AUBIN MUKONI
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De notre correspondante à Johannesburg,

L’Afrique du Sud reste la 3e force militaire du continent, derrière l’Égypte et l’Algérie, selon le classement Global Firepower. Mais des problèmes avec ses équipements ont été mis en lumière lors de son déploiement en RDC, notamment dans le domaine aérien, avec nombre de ses hélicoptères en maintenance. « Pour le moment, nos forces armées sont surtout équipées pour du combat traditionnel », analyse James Kerr, fondateur de la société Orion Consulting.

Il regrette que le pays n’investisse pas dans du matériel à la hauteur de ses ambitions : « Il n’y a pas encore de financement pour les rééquiper entièrement, afin de pouvoir évoluer dans des environnements nécessitant des brigades d’intervention. Le besoin a bien été identifié, mais les financements et les formations ne suivent pas. Il y a donc une forme de déconnexion entre les deux. »

« Notre armée nationale n’a pas les fonds suffisants pour se fournir chez nous »

Pourtant, l'Afrique du Sud a une industrie de l'armement ancienne, qui a débuté il y a 70 ans, et très développée, avec plus de 600 entreprises impliquées dans la fabrication. Mais les grands groupes peinent ensuite à vendre leur matériel à l’armée, alors que le budget national de la défense représente moins de 1% du PIB. « Nous exportons vers tous les continents. Mais notre armée nationale n’a pas les fonds suffisants pour se fournir chez nous, comme il le faudrait. En conséquence, elle n’est pas bien équipée, et notre industrie voit aussi ses capacités décliner », alerte Sandile Nlovu qui est à la tête de la South African Aerospace, Maritime and Defence Industries Association (AMD) qui représente le secteur.

De plus, l’entreprise publique Denel, principal fournisseur de l’armée, a aussi connu des déboires, comme le détaille William Hlakoane, son actuel directeur d’exploitation : « Vous savez que Denel a été frappée par la corruption et la saisie de l’État, et nous avons fait ce qui était possible pour nous remettre sur pied. Nous étions, il y a peu, une entreprise qui était incapable de payer ses employés. En 2022, il y a eu un refinancement du gouvernement de plus de 3 milliards de rands, et en conséquence, en ce qui concerne notre portefeuille de dettes, nous avons réussi à en régler 90 à 95%. »

Enfin, les analystes soulignent aussi que le pays n’a pas les ressources suffisantes pour déployer son armée à la fois à l’extérieur, comme force de maintien de la paix, et à l’intérieur, avec de plus en plus de missions pour combattre la criminalité.

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