Afrique économie

À la veille de la COP de Belém au Brésil: le défi de la mobilisation des financements privés

Publié le :

Au mois de novembre se tiendra la COP de Belém, dix ans après l’accord de Paris. Dans un contexte porté par le climato-scepticisme, des acteurs importants de la finance se sont retirés des grandes alliances Net Zero, engagées dans la lutte contre le changement climatique. Difficile dans ces conditions de tenir les ambitions : lever 100 milliards de dollars chaque année pour faire face aux défis du changement climatique. Dans cette équation, le secteur privé a son rôle à jouer.

James Mwangui lors de l'évènement de Proparco dédiée à la Finance Climat à Paris le 2 octobre 2025.
James Mwangui lors de l'évènement de Proparco dédiée à la Finance Climat à Paris le 2 octobre 2025. © Charlotte Cosset/RFI
Publicité

Devant un parterre de banquiers, le Kényan, James Mwangui n’hésite pas à décrire les impacts du changement climatique dans son village. Des abeilles et des animaux qui ont disparu ou encore des cours d’eau à sec. « Le secteur privé doit mener cette guerre contre le changement climatique. En tant que banque, nous nous efforçons de donner au secteur privé les moyens de prendre les commandes », assure-t-il. Les entrepreneurs pointent régulièrement les lenteurs des mécanismes et le manque de souplesse. James Mangwui le directeur d’Equity Bank, l’un des grands groupes bancaires d’Afrique de l’Est, l’assure : il aspire à faire bouger les choses. « Ce que nous avons fait, c'est développer des solutions innovantes qui permettent en particulier aux micro-entreprises et les aux agriculteurs à s'adapter au changement climatique et d'en atténuer les effets », plaide-t-il. « L'année dernière, nous avons été désignés par la SFI comme la banque ayant accordé le plus grand nombre de prêts d'atténuation et d'adaptation dans le monde », met en avant le banquier.

Pour développer l’investissement privé dans le domaine, Marissa Drew, responsable du développement durable de la Standard Chartered, estime que les États doivent être moteurs : « Si vous définissez une ambition pour un pays, les acteurs en dessous suivront. Par exemple, nous avons travaillé avec la Côte d'Ivoire. Nous les avons aidés à élaborer leur cadre de développement durable. Ensuite, nous les avons aidés à lever l’équivalent de plus de 400 millions de dollars d'instruments financiers liés à ces questions. Il s'agissait d'objectifs très spécifiques qu'ils s'étaient eux-mêmes fixés. »

Dérisquer et créer des dynamiques vertueuses

Afin de créer des synergies dans ce domaine, Proparco filiale de l'Agence française de développement, spécialisée dans le financement du secteur privé– a récemment rassemblé une centaine d’établissements bancaires ou gestionnaires de fonds. Parmi les stratégies engagées : dérisquer les investissements, et créer une dynamique vertueuse.

« On peut le faire soit en dédiant des lignes de crédit ou de financements dédiés avec une composante climat. On peut le faire aussi avec un objectif, on va dire plus transformationnels », explique Françoise Lombard, la directrice générale de Proparco. C’est ce qu’a fait l’institution en 2023 en créant une coalition d'acteurs financiers pour 200 millions de dollars, le Sustainability Link Loan d’Ecobank. Un acteur panafricain qui est présent dans plus d'une trentaine de pays africains. « Ça marche de manière assez simple, précise Françoise Lombard. Si Ecobank sur sa feuille de route climat atteint les objectifs que, conjointement, nous avons convenus, les conditions du prêt seront plus intéressantes. Et ça, c'est extrêmement intéressant comme outil parce que ça veut dire qu'on va appuyer Ecobank dans sa démarche pour intégrer le climat non pas comme un objet de financement, mais comme une problématique qui irrigue toute l'organisation, la gouvernance, les décisions de crédit. Et on va aussi faire en sorte que Ecobank soit prêt à s'engager sur des réductions d'émissions du portefeuille de la banque et rendre publiques ces cibles. Donc, c'est extrêmement incitatif. »

Lors de la dernière COP à Bakou, les besoins de financements ont encore été revus à la hausse. Objectif : mobiliser 1 300 milliards de dollars de financement public et privé d'ici à 2035.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes