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Le Tchad fait le pari de la transformation dans la filière bétail

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L’élevage contribue à plus d’un tiers du PNB tchadien. Environ 40% de la population vit de cette activité. Cependant, les autorités souhaitent mieux valoriser la filière de la viande. Pour cela, elles font notamment le pari de la transformation.

Une vue du marché de bétail de Karmé. (image d'illustration)
Une vue du marché de bétail de Karmé. (image d'illustration) © Sayouba Traoré/RFI
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Des abattoirs et complexes sont en cours de construction, notamment à Moundou et à Djermaya. « C’est d’abord la volonté politique des hautes autorités, explique Haroun Moussa, secrétaire général du ministère tchadien de l’Élevage. Et incontestablement, quand ce sont les hautes autorités qui portent ce genre de projet, moi, je crois que c’est une question de court et moyen terme. C’est pour améliorer les conditions de vie des populations mais aussi pour améliorer les recettes de l’État. »

L’un des plus gros défis concerne sans doute l’électrification de ces sites et le respect de la chaîne du froid. « Toutes les dispositions sont prises, assure Haroun Moussa. On ne peut pas se hasarder dans un tel projet sans cerner cette question de l’électricité. Quand on est dans le domaine de la transformation de la conservation, cela ne peut passer que par là. Et là, il y a des options. Il y a même une double stratégie. Par exemple, pour le Sud, il y a le branchement de l’électricité mais aussi le branchement suivant la production de l’électricité par le biogaz. » 

Conseiller et préparer les éleveurs à mieux produire

Mais des inquiétudes entourent encore ce changement de cap. « L’idée de transformer les abattoirs reste une utopie, affirme Ahmat Adoum Aboulfathi, secrétaire général des organisations professionnelles des pasteurs et acteurs de la filière bétail au Tchad. Ce n’est pas l’animal qu’on élève en brousse qui sera accepté directement dans l’abattoir. Il y aura beaucoup d’autres critères. Il faut préparer les éleveurs à mieux produire les animaux qui seront destinés spécialement pour les abattoirs. »

Une autre pratique de l’élevage est nécessaire. C’est ce que voudrait Mohamad Abdallah Goroumy, le directeur technique du Projet régional d'Appui au Pastoralisme au Sahel à N'Djaména.

« C’est surtout un changement de mentalité qu’il faut à ce niveau pour que cela réponde de plus en plus à une logique économique, souligne-t-il. 3 000 têtes de moutons, ça n’obéit à aucune logique économique. Si un tiers du bétail, ce sont des mâles, ça veut dire qu’ils sont gardés inutilement. Il faut conseiller les gens pour qu’ils puissent entrer dans une logique économique de garder le nombre minimum de têtes qui permettent la reproduction et donc de pouvoir, à l’échelle d’une année, couvrir un besoin clair et que cela puisse leur permettre de rentrer dans leurs fonds. »

Aujourd’hui, le Tchad exporte son bétail sur pied vers le Nigéria, le Soudan et la Libye. Les autorités convoitent désormais de nouveaux marchés comme l’Angola, et se prennent à rêver du marché européen.

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