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Sénégal: le manque d'arachide fait grincer les huileries [2/2]

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Au Sénégal, la campagne arachidière bat son plein jusqu’au mois d’avril. Mais la mauvaise récolte des agriculteurs à cause des fortes pluies et la concurrence des acheteurs étrangers met en difficulté les producteurs d’huile implantés dans le pays. La Sonacos, la compagnie huilière nationale, tente tant bien que mal de continuer à faire tourner ses usines.

Des femmes trient les arachides dans le village sénégalais de Dinguiraye. (Image d'illustration)
Des femmes trient les arachides dans le village sénégalais de Dinguiraye. (Image d'illustration) © AFP/Seyllou
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De notre correspondante à Dakar,

Un camion chargé d’arachides déverse son contenu sur une pyramide de graines. Nous sommes dans l’usine de la Sonacos, la société nationale de commerce des oléagineux à Diourbel, et pour l’instant les stocks sont maigres. Doudou Niang est chef du service achats graines.

« Cette année, on est à peu près à 2 500 tonnes au niveau de Diourbel. À cette date, l’année dernière, on avait récolté 36 000 tonnes. Les graines ont tardé à venir à cause de la spéculation du prix au niveau des producteurs. La raison pour laquelle la Sonacos s’est un peu réajustée. »

Cette année, la compagnie a commencé par acheter le kilo d’arachides à 300 francs CFA, un peu au-dessus du prix plancher à 275. Ils sont aujourd’hui passés à 425 francs CFA.

► À lire aussi : Sénégal: une saison blanche et humide pour l'arachide

Des acheteurs étrangers qui ont raflé une grande partie des stocks

Les acheteurs étrangers omniprésents sur le marché ont proposé des prix agressifs dès le début de la campagne et raflé une grande partie des stocks. Les exportations d’arachides suspendues depuis l’année dernière ont finalement repris en janvier.

Une menace pour l’emploi dans le secteur des huiliers : environ 2 000 personnes pour la Sonacos au niveau national, sans compter les autres sociétés et les petits producteurs traditionnels. À Touba, 159 petites unités de transformation sont à l’arrêt faute de graines, selon le Regroupement des acteurs du secteur industriel et agroalimentaire de Touba

Pour pallier le manque d’arachides et sauvegarder les emplois, plusieurs solutions ont été mises en place. D’abord un minimum de graines garanti. « Nous avons la contractualisation d’un système que nous avons mis en place entre la Sonacos et certains producteurs », explique Modou Diagne Fada, directeur général de la Sonacos. « Nous leur prêtons des semences à la veille de l’hivernage et après la récolte, ils nous remboursent les semences et nous vendent leur surplus de production. » Dans les faits, impossible de contrôler la vente du surplus et une partie part à l’étranger.

Diversifier l'activité pour ne pas sombrer

Depuis 3 ans, la Sonacos mise aussi sur la diversification. Dans l’usine de Diourbel, plusieurs activités suspendues depuis les années 2000 ont repris. « On ne doit pas miser simplement sur l’arachide. Donc, on a diversifié, on a la javellerie, la vinaigrerie et l’aliment de bétail. Au moins pour pérenniser l’activité », explique Dame Touré, le directeur de l’usine.

Vinaigre Leroy, javel Baol des marques bien connues des Sénégalais ont fait leur retour. Pour le DG de la société, il faut aussi des mesures pour garantir une transformation locale des graines. « Il faut un meilleur encadrement de la présence des étrangers. Oui, ils peuvent venir acheter. Mais je crois qu'ils devraient s'approvisionner à partir des usines, et laisser les usines faire la collecte primaire, en relation avec les opérateurs », pense-t-il.  

Les objectifs de la Sonacos ne sont pas communiqués, mais la situation reste préoccupante : lundi 23 janvier, les travailleurs de la société ont réclamé l'arrêt immédiat de l’exportation des arachides pour « la survie de la filière ».

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