Cameroun: développer la filière lait grace aux Montbéliardes
Publié le :
Le Cameroun vient de recevoir son dernier lot de vaches Montbéliardes en provenance de France pour développer sa filière lait. Grâce à ces vaches, le Cameroun espère combler son déficit de production de lait évalué à 120 000 tonnes par an.

Al Hadji Magra a reçu 20 vaches en mars 2021. Près de deux ans plus tard, il fait le bilan.
« Ça me donne une bonne satisfaction, c’est un élevage rentable qui nécessite beaucoup d’investissements au début », prévient Al Hadji Magra. « J’ai investi dans l’étable, les bâtiments. J’ai investi dans l’achat du terrain pour cultiver le fourrage, donc, j’ai investi dans la culture du fourrage aussi. Et puis aussi le fonds de roulement, parce que quand les vaches arrivent, elles ne produisent pas beaucoup de lait tout de suite. Moi-même, j’ai apporté 40 % de mon business plan. »
Ce dignitaire de Ngaoundéré possédait déjà des vaches locales, et a souhaité se lancer dans la production laitière. Mais plus question de pâturage libre, les Montbéliardes demandent un entretien spécial. « Il y a une attention plus que particulière. La contrainte, c’est qu’elles ont besoin de beaucoup plus de propreté », souligne Al Hadji Magra. « Il y a les ouvriers qui sont là, parmi les gens qui s’occupent de ces vaches, il y a un qui est spécialisé pour la propreté. »
► À lire aussi : Le lait en Afrique de l’Ouest : un potentiel de développement énorme, mais négligé
Penser à la suite
Le Prodel, le programme de développement de l’élevage au Cameroun à la tête de l’initiative, a dû mettre en place des formations et différentes stratégies pour la bonne acclimatation de ces vaches. Avec des Montbéliardes qui produisent au minimum six fois plus de lait que les races locales, le coordonnateur du Prodel, le docteur Abouamé Salé, pense à la suite.
« Nous avons commencé à importer les petites unités de conservation – comme des petits frigos –, qui marchent à énergie solaire », dit-il. « Nous avons également des centres de collecte qui peuvent recevoir des quantités relativement plus importantes, ça peut aller jusqu’à 4 000 litres de lait qu’on peut stocker pendant 24 h en attendant que le ramassage se fasse. Alors pour l’instant, ce qui nous manque encore, c’est les camions, les tanks comme en Europe pour assurer la chaîne de froid. »
Des habitudes de consommateurs qui évoluent doucement
Yaourt, lait caillé et fromages… L’objectif est de développer l’ensemble de la filière. « Nous avons des unités de transformation, aujourd’hui, qui ont une capacité relativement faible autour de 4 000 litres qu’on peut transformer par jour », dit le docteur Abouamé Salé. « C’est déjà quelque chose, mais d'ici à 4-5 mois, nous allons passer à 10 000 parce qu’il y a une unité UHT [une unité de stérilisation du lait à haute température, NDLR] qui est en cours de construction. »
► À lire aussi : La filière du lait en Afrique plombée par les bas prix du lait en poudre européen
Il est aujourd’hui compétitif de produire du lait frais face au lait en poudre importé, assure Al Hadji Magra. Cependant, les habitudes des consommateurs évoluent doucement. L’éleveur vend aujourd’hui son lait à des coopératives. Il espère à terme avoir sa propre unité de transformation.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne