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Kenya: quelles opportunités le numérique offre-t-il aux artistes?

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Face aux problèmes de droits d’auteurs, de piratage, avec les réseaux sociaux à portée de main, comment les artistes peuvent-ils utiliser le digital pour tirer profit de leur art ? Ces questions ont fait l’objet de discussions lors du Africa Tech Summit. Le sommet africain sur le numérique a réuni les 15 et 16 février 2023 à Nairobi plus de 1 000 participants, dont des investisseurs et entrepreneurs. Plusieurs d’entre eux issus de la scène créative.

Un producteur de musique en studio d'enregistrement. (Image d'illustration)
Un producteur de musique en studio d'enregistrement. (Image d'illustration) Getty Images - jose carlos cerdeno martinez
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De notre correspondante à Nairobi,

À peine a-t-elle achevé sa prise de parole que Jessica Colaço se fait accoster de tous les côtés. La jeune femme vient de participer à une table ronde sur les NFT. Ces jetons non fongibles qui servent de certificats d’authenticité numériques, uniques et non interchangeables. Et qui sont scellés sur de la blockchain. Entrepreneure dans la Tech et musicienne, Jessica les connaît bien.

« J’ai mis deux chansons en NFT, pour voir comment ce serait reçu au Kenya. Et puis pour tenter d’aider les artistes à gagner de l’argent avec leur musique. La société des droits d’auteurs ici paye très mal, tandis que, dans l’industrie artistique, certains arrivent à gagner pas mal d’argent avec les NFT. »

Des NFT difficilement accessibles

Les artistes kényans dénoncent régulièrement recevoir de faibles droits d’auteurs. Plusieurs organismes sont pourtant en charge de les redistribuer. Mais ils se retrouvent souvent avec des problèmes de licence, accusés de mauvaise gestion ou encore de détournement de fonds. Avec son premier titre en NFT, Jessica Colaço, elle, dit avoir gagné 200 dollars depuis juillet. Elle le reconnait : beaucoup reste à faire avant que ce soit vraiment rentable.

« Je me demandais pourquoi ils n’y avaient pas plus de musiciens nationaux sur les NFT et je comprends, il y a encore des défis à relever, notamment, il y a un vrai besoin d’éducation. La plupart des personnes ont du mal à comprendre ce que sont les titres musicaux NFT et comment les acheter. Aujourd’hui, pour en avoir, il faut passer par plusieurs étapes, acheter des cryptomonnaies, c’est assez décourageant. Et puis en tant qu’artiste, il faut aussi investir de son temps pour comprendre comment gagner de l’argent avec ces NFT. »

► À écouter aussi : TikTok va payer les artistes sud-africains, une première

La scène créative au Kenya bénéficierait donc d’un meilleur encadrement du numérique. En attendant, le secteur offre aux artistes une plateforme non négligeable. Willis Chimano est un des musiciens du groupe kényan Sauti Sol.

« Le digital, c’est un espace que je trouve intéressant dans le sens où, juste à partir de son téléphone, on peut se mettre en avant et accéder à tout un réseau. C’est aussi simple que ce que l’on poste sur les réseaux sociaux et cela permet de garder un certain contrôle sur son image. Au sein du continent africain, c’est encore plus pertinent, car on a une des populations les plus jeunes au monde. Et cela permet au monde entier de nous voir ! Regardez comme l’Afrobeat a explosé ! L’Afrique a toujours eu beaucoup de talent, maintenant, il est accessible à tous. »

Plusieurs artistes, notamment africains, ont d’ailleurs vu leur musique popularisée grâce au réseau social TikTok.

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