Série industrie musicale en Afrique [2/4]: un «Shazam» ivoirien pour une répartition plus juste des droits d'auteur
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On connaît A’salfo comme le leader de Magic System et un businessman prospère. L’artiste a porté au Bureau ivoirien des droits d’auteur un projet de récupération automatisée des programmes de diffusion dans les lieux culturels, pour une répartition plus équitable des droits d’auteur.

De notre correspondante à Abidjan,
Dans son fonctionnement actuel, le Bureau collecte les playlists des médias et des établissements musicaux pour calculer les droits d’auteur. Mais ce nouveau projet prendrait également en compte les plus petits établissements sans playlist prédéfinie, et ouvrirait donc davantage de droits aux célébrités musicales, aux musiciens des décennies passées et aux auteurs du terroir.
Dans tous les clubs, bars et restaurants de Côte d’Ivoire dotés d’une programmation musicale, on connaît bien le Bureau ivoirien des droits d’auteur : « le Burida », comme on l’appelle, vient collecter une taxe tous les mois. 6 000 francs CFA (un peu plus de 9 euros), dans ce petit maquis du carrefour de l’Opéra, à Cocody Deux-Plateaux, pourvu d’une télévision, mais pas d’enceintes. Une somme dont son propriétaire, Thierry Ta, s’acquitte sans broncher, mais dont la répartition l’interroge.
« Les musiques qui jouent, on les met sur des chaînes de diffusion de clips. [NDLR on ne peut pas dire d’emblée que c’est telle musique qui passe.] Si vous avez affaire à un grand maquis, peut-être, où il y a des disc-jockeys qui programment, vous pouvez être plus sûrs des artistes qui sont vraiment en vogue. Et puis moi, je suis fan de musiques anciennes, je mets des musiques qui n’ont rien à voir avec les musiques en vogue. Le simple fait d’être des artistes doit leur conférer des droits. »
Les agents du Burida le reconnaissent aussi : difficile de répartir équitablement les droits d’auteur, quand beaucoup d’établissements n’ont pas de playlists prédéfinies. Le Bureau vient donc de s’associer avec A’salfo, le leader du groupe Magic System devenu un pilier de l’industrie musicale ivoirienne, pour mettre en place une solution plus efficace. Grâce à un système de reconnaissance musicale opéré par des balises, explique Gbatty Serge Kouba, directeur de la Perception au Burida.
« On arrive à identifier jusqu’à 90% des œuvres »
« C'est assez simple. Ce sont des balises qui agissent comme une sorte d’enregistreur. Si on dépose la balise dans un night-club, elle prend l’information des musiques qui sont jouées dans le night-club. En temps réel, elle transmet cette information à une base de données. Sur une période précise, ça vous permettra de voir tout ce qui a été enregistré. »
Deux phases de test ont été menées, l’une à Abidjan, l’autre à l’intérieur du pays. 23 000 titres ont été obtenus, parfois des morceaux vieux de plus de 50 ans, et sans métadonnées. Un succès dont se félicite A’salfo : « Le projet, il est en marche, comme on dit. Après la phase pilote, nous sommes en train de faire les restitutions au niveau du Burida. Aujourd’hui, avec ce que nous avons essayé, on arrive à identifier jusqu’à 90% des œuvres. Grâce à notre dashboard, le Burida peut faire ses répartitions de manière juste, en ayant une documentation fiable et numérisée. »
L’équipe d’A’salfo a obtenu l’accord de principe de l’État ivoirien. Elle doit maintenant rencontrer les différentes organisations en gestion collective, avant de pouvoir déployer ce dispositif à l’échelle nationale. A’salfo ambitionne dans un second temps de mettre en place une base de données sous-régionale pour tous les pays ouest-africains.
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