Alter ego

1/3 Séoul, avant l'exil – Les mondes de Yooree

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Yooree nous plonge dans ses souvenirs, et raconte les premières années de sa vie. Elle voit le jour dans une famille modeste, dans la Corée des années 1970, contrôlée d’une main de fer par l’armée. Pour Yooree et son frère, l'enfance est parsemée d’épreuves et de brefs moments de répit. Jusqu’à ce jour de mai 1984, qui fera basculer sa vie. 

Les mondes de Yooree, un podcast original de Nicolas Rocca, pour la verticale Alter ego
Les mondes de Yooree, un podcast original de Nicolas Rocca, pour la verticale Alter ego © RFI
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Avant l’exil : enfance abandonnée, mémoire coréenne effacée 

Entre 1970 et 1990, plus de 200 000 enfants sud-coréens ont été adoptés à l’étranger. Derrière cette politique d’exportation de masse, dissimulée par des justifications humanitaires, se cachent des histoires marquées par le déracinement et le mensonge. Celle de Kim Yooree, adoptée en France à l’âge de 11 ans, en est une illustration bouleversante. 

Dans ce premier épisode du podcast Alter Ego, Yooree revient sur son enfance à Séoul. Après le divorce de ses parents, elle se retrouve livrée à elle-même avec son petit frère. Elle raconte leurs errances, leurs ruses pour survivre, et la peur constante d’être envoyés dans un foyer. 

« Le soir, il y avait un couvre-feu. Donc on restait dans le marché et on dormait sous des chariots. Des fois, on voyait les lampes des flics qui faisaient la ronde et je disais surtout de ne pas bouger, ne pas crier, rien, ne pas parler. Parce que s'ils nous attrapent, ils vont nous envoyer dans un orphelinat. On ne veut pas aller dans un orphelinat. » — Kim Yooree 

Un exil institutionnalisé sous dictature 

Au moment où Yooree entre à l’orphelinat, la Corée du Sud est dirigée par une junte militaire déterminée à offrir une image moderne lors des Jeux olympiques de 1988. Une politique brutale de "purification sociale" cible les populations marginalisées : enfants errants, mendiants, handicapés. L’orphelinat, parfois simple refuge pour enfants pauvres, devient un sas vers l’adoption internationale, au mépris des droits familiaux. 

« La violence et la faim c’est ce qui m’a le plus frappé, je suis resté presque 23 mois là-bas [à l’orphelinat]. Je me disais que si mes grands-parents savaient, ça serait impossible qu’ils nous laissent dans un endroit aussi inhumain. » — Kim Yooree 

Une mémoire collective effacée 

Le récit de Yooree, accompagné par la voix du journaliste Nicolas Roca, ancien correspondant de RFI à Séoul, met en lumière les zones grises d’un système d’adoption internationale orchestré à grande échelle, sans contrôle, ni suivi. Yooree incarne cette mémoire invisible des enfants confiés à des étrangers sans consentement, ni explication. 

Écoutez Les mondes de Yooree : Séoul, avant l’exil pour comprendre l’envers d’une politique d’adoption de masse méconnue, entre silence, résilience et injustice. Abonnez-vous à Alter Ego pour découvrir les autres volets de cette série sur l’exil et la quête d’identité. 

 

Auteur : Nicolas Rocca

Réalisation : Simon Decreuze, Valentin Wanner et Sylvain Pinot. 

Musique originale : RFI Instrumental

Écoutez tous les épisodes du podcast Alter ego - Les mondes de Yooree

Épisode 1 : « Séoul, avant l'exil »

Épisode 2 : « L’enfance brisée »

Épisode 3 : « Un système d’adoption orchestré »

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