À onze ans, Yooree et son frère sont envoyés en France. Arrachée à la Corée du Sud et à ses grands-parents, elle découvre une autre langue, une autre culture. Comment survivre au déracinement, au rejet, et à la violence de sa famille adoptive ? Pour Yooree, cette nouvelle vie sonne la fin de l’enfance... et le début de l’enfer.

Le témoignage accablant d'une adoptée coréenne en France
En juin 1984, à seulement onze ans, Kim Yooree quitte sa Corée natale pour rejoindre une famille adoptive en France. Ce départ, présenté comme temporaire, était la garantie d’un avenir radieux. Pourtant, dès son arrivée, la promesse d’une vie meilleure s’effondre. Dans le silence d’une maison de province, Yooree découvre un univers de violences sexuelles, physiques et psychologiques.
« Je n’ai pas voulu lâcher la main de mon escorte, parce que c’était mon seul lien qui me retenait à la Corée. Il [l'escorte] m’a pris la main et puis quand mon père adoptif s’est présenté, il a donné ma main à la main de mon père adoptif et là il [le père adoptif] ma regarder d’une manière dont aucun homme dans ma vie m’avait regardé comme ça. J’ai senti une peur, comme un animal qui étais chassé. » — Kim Yooree
Des violences institutionnalisées
« Il [le père adoptif] nous demande de nous déshabiller et il nous met à genoux devant le radiateur, il pouvait nous laisser comme ça une heure comme cinq heures. » — Kim Yooree
Placée dans cette famille par l’intermédiaire de l’agence d’adoption fondée par un couple d’évangélique la Holt, célèbre pour son rôle dans l’adoption massive d’enfants sud-coréens, Yooree devient la proie de son père adoptif. Pendant des années, les agressions s’enchaînent. Personne ne l’écoute. Personne ne l’aide.
« On [Yooree et son frère] a été tous les deux malades. Mon frère a vomi sur le siège, mon père adoptif à garer la bagnole au bord de la route et on n'a pas trop compris ce qu’il nous a dit mais ce n’étais pas très gentil. Il a foutu une claque à mon frère et il l’a attrapé en lui disant de nettoyer, de lécher le vomi. » — Kim Yooree
Un calvaire à huis clos
« Il me fout une claque, je suis tombé par terre, et là je réalise que ça ne peut plus durer. » — Kim Yooree
Ce n’est qu’à 17 ans que Yooree parvient à fuir ce foyer devenu prison. Son témoignage, d’une force bouleversante, révèle les failles béantes du système d’adoption internationale et les risques auxquels sont exposés des enfants déplacés à l’autre bout du monde sans réel suivi. Où étaient les services sociaux ? Que savait réellement l’organisme français qui a supervisé l’adoption ?
Les mondes de Yooree : l’enfance brisée, c’est une immersion dans la réalité crue des dérives de l’adoption transnationale. Un récit nécessaire, porté par la voix de Yooree, pour faire entendre celles et ceux qu’on a trop longtemps réduits au silence.
Auteur : Nicolas Rocca
Réalisation : Simon Decreuze, Valentin Wanner et Sylvain Pinot.
Musique originale : RFI Instrumental
Épisode 1 : « Séoul, avant l'exil »
Épisode 2 : « L’enfance brisée »
Épisode 3 : « Un système d’adoption orchestré »
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