Aujourd'hui l'économie

«Black Friday»: le débat sur l’encadrement des promotions relancé

Publié le :

En France, le « Black Friday », le « vendredi noir », grande fête de promotion commerciale prévue initialement le 27 novembre 2020 est donc repoussée au 4 décembre. Les grandes plateformes du commerce, notamment Amazon, y ont consenti à la demande du gouvernement qui souhaite favoriser les commerces non-essentiels fragilisés par la fermeture imposée par les restrictions sanitaires.

Des affiches annonçant le «Black Friday» sur la devanture d'un  magasin.
Des affiches annonçant le «Black Friday» sur la devanture d'un magasin. AFP/File
Publicité

La date et les modalités de leur réouverture devraient être annoncées par le président Emmanuel Macron ce mardi 24 novembre. Les grandes enseignes avaient déjà été appelés à limiter leur publicité autour de l'évènement. Mais le débat sur le bien-fondé de cette opération est rouvert à l'occasion de la crise.

C’est paradoxalement un grand coup de publicité pour ce « vendredi noir », dont des voix vont jusqu'à demander le boycott. Il faut rappeler que le « Black Friday » est une tradition commerçante venue tout droit des États-Unis. Une opération placée opportunément entre la fête familiale de Thanksgiving et Noël. Elle est arrivée tout récemment en France, en 2013. Mais son succès ne se dément pas. L'an dernier, cette opération de rabais qui dure en principe un week-end mais s'étend en réalité sur une semaine, a généré 6 milliards d'euros de chiffres d'affaires. Des chiffres jusque-là en constante augmentation.

Des achats qui se font de plus en plus en ligne

Et cette année en confinement a renforcé la tendance. D'où l'inquiétude des commerces physiques qui craignent de passer à côté de l'événement. Mais faut-il pour autant l'annuler comme l'ont demandé quatre fédérations de commerçants ? Décrié, le géant Amazon qui surfe sur la crise sanitaire et a consenti à reporter le « Black Friday », estime que les commerçants et les fournisseurs profitent aussi de sa plateforme pour vendre leurs marchandises. Et il n'y aucune raison, selon son directeur France, de priver d'une fête de promotion, les Français qui préparent leurs achats de Noël.

Les faux rabais du « Black Friday »

L'association des consommateurs UFC Que Choisir, révèle qu'une grande partie des promotions proposées lors du « Black Friday » n'en sont pas. Amazon n'est pas mentionné, mais d'autres oui, comme Cdiscount, Darty, Fnac ou Boulanger. Le reproche principale ? S'adonner à la pratique désormais bien connue qui consiste à gonfler les prix quelques temps avant l'opération. Ce qui permet lors du « Black Friday » d'afficher des rabais apparemment énormes sur les produits phares de la saison, comme l'électronique et l'électroménager. Année après année, l'UFC Que Choisir démontre ainsi que les réductions constatées sont en réalité minimes. Une pratique épinglée à chaque fois mais facilitée par l'absence de régulation. En France, il n'y a pas d'encadrement des baisses des prix. Un commerçant peut afficher le prix de départ qu'il souhaite, tant qu'il a déjà été pratiqué une fois dans sa boutique, et tant qu'il ne vend pas le produit à perte. Voilà pourquoi, les prix peuvent faire le yoyo et faire perdre le nord aux consommateurs.

Mettre fin à la jungle des prix

La députée écologiste Delphine Batho, qui s'oppose pour des raisons idéologiques au « Black Friday », a rappelé que l'opération enfreignait la loi de lutte contre le gaspillage, votée cette année. Mais l'ancienne ministre est rejointe par des responsables d'autres bords politiques lorsqu'elle souligne que les plateformes de commerce en ligne induisent en erreur le consommateur en affichant des réductions comparables aux soldes alors que ces derniers sont strictement encadrés. Mais aujourd'hui, c'est à un juge de déterminer au cas par cas si le consommateur a été induit en erreur. Pour les opérations hors-soldes tel le « Black Friday », il faut donc renforcer le droit, estime l'UFC Que Choisir. En transposant une directive européenne adoptée l'an dernier qui impose de prendre comme prix de référence le prix le plus bas pratiqué dans le mois précédent l'opération ; et de l'afficher à côté du nouveau prix. En attendant, le meilleur des conseils, c'est de ne pas se précipiter sur une offre et de prendre le temps de comparer les prix entre différentes plateformes, et suivre si possible leur évolution au fil du temps. À moins bien-sûr que vous n'ayez décidé de boycotter le « Black Friday ».

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes