Pourquoi la Pologne et la Hongrie lèvent leur veto au fonds de relance
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Le fonds de relance européen à 750 milliards d'euros devrait enfin être validé aujourd'hui par le conseil européen. La Hongrie et la Pologne qui opposaient leur veto ont fini par accepter un compromis entérinant le respect de l'Etat de droit. Ces deux pays avaient-ils trop à perdre dans ce bras de fer ?

C'est l'explication soufflée par des sources officielles françaises proches de l'Élysée et c'est la plus évidente. Car pour ces deux pays, les fonds européens, quel que soit leur nature, sont des sources de financement devenues incontournables. L'an dernier la Pologne et la Hongrie ont été les deux premiers bénéficiaires nets du budget européen. Sur l'exercice budgétaire 2014-2020, la Pologne en est le premier bénéficiaire: 80 milliards d'euros lui ont été attribués. Cela représente en moyenne 3,5% de son produit intérieur brut. La Pologne sait parfaitement ce qu'elle doit à l'Europe, le ministre des Finances estime qu'un bon quart de la croissance robuste enregistrée ces 5 dernières années est alimentée par ces flux. Et cela va continuer pour l'exercice budgétaire qui démarre en 2021, Varsovie compte beaucoup sur ces fonds pour financer sa transition énergétique, là encore c'est le pays qui profitera le plus de la redistribution européenne. En ce qui concerne le fonds de relance que les pays les plus touchés par la pandémie, l'Italie et l'Espagne, attendent fébrilement, Varsovie a également du mal à résister à cet appât. La Pologne bien que relativement épargnée par la première vague de coronavirus recevra plus que l'Allemagne en subvention directe, et presqu'autant que la France.
Pour la Hongrie, la manne de Bruxelles représente 5% de son PIB
C'est donc là aussi un apport majeur pour son développement économique. Et pour la prospérité de l'entourage du premier ministre Viktor Orban, son gendre, son ami d'enfance, sont régulièrement cités dans les enquêtes des ONG et de la justice sur les détournements des fonds européens. Très souvent les appels d'offre financés par l'Europe sont taillés sur mesure pour les proches du clan Orban. L'exemple le plus criant : c'est ce train touristique de six kilomètres construit dans le village du premier ministre pour relier le centre-ville au stade de foot flambant neuf. Ce train d'un intérêt économique quasiment nul, vu son faible taux de fréquentation, a été financé par les contribuables européens à hauteur de deux millions d'euros. C'est en Hongrie que l'Office anti-fraude européen a mené le plus d'enquêtes entre 2015 et 2019. Avec 43 cas identifié de détournement sur 235 pour l'ensemble des États membres. Mais ces enquêtes sont rarement suivies de poursuites au niveau de la justice hongroise. L'attribution du fonds européen de relance et du prochain budget sera liée au respect de l'État de droit, c'est précisément ce qui gêne la Pologne et la Hongrie.
Est-ce que cette nouvelle condition empêchera la fraude ?
Cette nouvelle condition cherche surtout à empêcher les dérives autoritaires. Si un État ne respecte pas l'indépendance de la justice ou la liberté de la presse, et si la commission estime que cette violation est avérée, elle déclenchera le processus des sanctions. Ce sera au conseil européen de les voter, à la majorité qualifiée. Jusqu'à maintenant il fallait l'unanimité pour priver un État des subsides de Bruxelles. Ce dispositif est salutaire sur le plan des valeurs européennes, il permettra aussi de mieux lutter contre la fraude puisqu'il pourra être activé si la justice d'un pays reste les bras croisés face à des affaires de corruption. Si l'enrichissement frauduleux d'une équipe au pouvoir est un vrai sujet politique, en termes de respect de la démocratie, au niveau des finances européennes cela demeure anecdotique. Pour les années 2015-2019, les détournements détectés par l'Olaf, l'office européen anti-fraude ont porté sur 0,34% de l'ensemble des fonds.
EN BREF
Le Royaume Uni vient de signer un accord de libre échange avec Singapour
Un accord destiné à faciliter le commerce britannique après le Brexit. Il est d'ailleurs calqué sur l'accord existant entre l'union européenne et la cité État. Pour les entreprises britanniques, l'accord avec Singapour devrait faciliter leurs échanges avec les pays d'Asie du sud-est.
Airbnb doit faire son entrée à Wall Street aujourd'hui
Avec un prix d'introduction à 68 dollars l'action ; c'est la consécration pour la plateforme de location de logement temporaire. Malgré la chute du tourisme, malgré la réglementation plus stricte mise en place par plusieurs grandes villes pour limiter les abus et la hausse des loyers entrainée par sa présence.
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