L’OCDE fête ses soixante ans

L'organisation de coopération et de développement économique célèbre aujourd'hui son soixantième anniversaire. Avec une manifestation physique à son siège, à Paris, et en présence, souvent virtuelle, de plusieurs dirigeants du monde entier. À quoi sert cette organisation internationale qu'on surnomme souvent le club des pays riches ?

Siège de l'OCDE à Paris. AFP/Archivos

L'OCDE regroupe effectivement des économies, dites avancées, ses 37 États membres représentent aujourd'hui 60% du PIB mondial. Elle a été pensée pour favoriser le développement, l'enrichissement de ses États membres. À des conditions précises : celles de l'économie de marché, c'est-à-dire aux conditions de sa marraine, la démocratie libérale américaine. Car l'OCDE a été fondée sur les décombres de l'organisation créée après la Seconde Guerre mondiale pour distribuer les aides du plan Marshall aux pays d'Europe de l'ouest. Les États-Unis, Canada, Japon, ou encore Australie, la rejoignent. Après la chute du Mur, les pays de l'est adhèrent à leur tour à cette organisation et à son idéologie. La Turquie, la Corée du sud ou encore l'État d'Israël, en sont membres. Et elle attire aujourd'hui de plus en plus : le Brésil, l'Argentine sont candidats. Pour la Colombie qui vient d'y entrer, c'est un peu comme réussir la sélection à la Coupe du monde de football.

Prestigieuse grâce à son expertise sur les sujets les plus divers

Dans le grand public, on ne connait pas forcément l'OCDE, mais tous les parents d'élèves ont entendu parlé du rapport Pisa, un rapport mondial sur le niveau scolaire réalisé tous les trois ans en scrutant les résultats des tests effectués dans 79 pays. Sa publication suscite à chaque fois son lot de surprises, bonnes ou mauvaises, de débats et de polémique dans les pays dits avancés où l'on découvre alors que l'école tient plus ou moins bien ses promesses.

L'OCDE sert d'abord à évaluer les politiques publiques

À savoir combien et comment l'argent du contribuable est employé. Son rapport sur l'aide au développement est lui aussi devenu une référence. Avec en son sein le comité de l'aide au développement, qui fédère trente pays donateurs, elle scrute méthodiquement l'évolution de cette aide. Cette agence fournit bon an mal an environ 500 rapports sur les questions économiques de son choix. Elle diffuse aussi des normes à portée internationale, par exemple en matière financière, elle a fortement contribué à la lutte contre l'évasion fiscale en mettant fin au secret bancaire.

Un secrétariat de la mondialisation

L'actuel dirigeant de l'OCDE, Angel Gurria, voulait en faire le secrétariat de la mondialisation. Un vœu fait à son arrivée en 2006. C'est-à-dire avant la débâcle financière de 2008, avant la guerre commerciale, avant que le protectionnisme ne se répande dans le monde entier. S'il faudra sans doute lui donner un autre nom, cette ambition demeure intacte. Les nombreux candidats à la succession du Mexicain devront relever le défi, en trouvant comment intégrer la Chine, incontournable par sa taille mais indésirable par son modèle contraire aux valeurs de l'OCDE. Pour rester l'agence de référence qu'elle est devenue sous la direction d'Angel Gurria, l'OCDE est sans cesse en train de se saisir des nouveaux dossiers. L'intelligence artificielle, mais aussi le changement climatique ou la lutte contre les inégalités, font partie de ces nouvelles priorités. C'est à l'OCDE qu'est âprement discutée la taxe sur les géants du numérique, qui pourrait redessiner la fiscalité mondiale, on saura d'ici juin si un accord est possible, quand Joe Biden sera installé à la Maison Blanche.

EN BREF

En Chine, le régulateur de marchés inflige des amendes à Alibaba et Tencent, les champions nationaux du numériques. Tous les deux sont punis pour avoir procédé à de nouvelles acquisitions en 2017 puis en 2018 sans avoir demandé au préalable l'autorisation du comité anti trust. Montant de l'amende: 500 000 yuans, soit 76 000 dollars. C'est la dernière manifestation de la reprise en main des nouveaux géants chinois de l'internet.